Voici le premier vrai livre sorti en France consacré au cinéma extrême et déviant. Ce pavé (540 pages !), on le doit à un passionné du genre, Tinam Bordage, celui-là même qui a grandement concouru à la création du Festival Sadique Master en 2015. Dans son œuvre, il va aborder sans tabou tout ce qui a bien pu pousser les hommes à aller vers un tel cinéma aussi bien chez les réalisateurs (peut-être à la recherche de plus de libertés artistiques, notamment chez les indépendants) que chez les spectateurs (probablement pour tester leurs limites face à un art qui révulse mais qui attire en même temps), tout en posant une véritable réflexion sur la légitimité de son existence. Tinam Bordage livrera ainsi son analyse en plusieurs chapitres divisant son ouvrage, dont un sur le cinéma gore allemand (les fameux splatter), un sur le torture-porn, un autre sur la pornographie déviante (notamment le BDSM), un sur le cinéma déviant japonais (cf. les Genkis), avant de finir sur une analyse très détaillée des snuffs (la très connue franchise des « Guinea pig »), des shockumentaries et autres death movies (des mondos aux célèbres « Faces of death »), et de conclure avec un épilogue éprouvant sur l'existence réelle des snuff movies liée à la pédopornographie présente sur le Dark Web. Malheureusement, la réalité peut donc parfois dépasser la fiction dans ce qu’elle a de plus horrible !
Quoi qu’il en soit, ce livre brasse très large et peut permettre aux néophytes de découvrir certains réalisateurs comme : Olaf Ittenbach, Jorg Buttgereit, Marian Dora, Karim Hussain, Lucifer Valentine, Fred Vogel, Hideshi Hino, mais aussi certaines pépites comme : « Begotten », « Subconscious cruelty », « Camp 731 », « Philosophy of a knife », « The human centipede 2 », « Murder set pieces », « Vase de noces » ou encore « Melancholie der engel », mais également d'apprendre que certaines maisons de production continuent de baser leur catalogue sur des œuvres dites extrêmes à l’instar de Necrostorm. Pour les adeptes de ce style de cinéma, l’ouvrage est complet et malgré quelques transitions un peu nébuleuses entre les chapitres, ainsi que quelques (mais très rares) fautes de frappe et d’orthographe propres aux petites maisons d’édition, on ne pourra que féliciter l’auteur devant une telle dissection fortement documentée d’un cinéma ignoré et décrié, et le tout sans montrer une seule illustration !
Pour les passionnés du cinéma underground ou tout simplement pour les fans du cinéma, de ses genres multiples et de ses sous-genres encore plus foisonnants, on ne peut que recommander la lecture de cet ouvrage plus que complet et qu’on pourra considérer comme une véritable Bible en la matière !