Quatrième de couverture :
« Olivier Malentraide est un enfant monté contre sa famille. Il trouve sa mère trop jeune, son beau-père trop libéral, ses cousines trop débauchées. Il essaie de déclencher des catastrophes, mais réussit tout juste à ce que sa mère prenne un amant. Dans la deuxième partie, nous retrouvons un Olivier différent. Sans qu'on sache trop bien ce qu'il a fait pendant la guerre, il a pris un drôle de genre. Ce n'est pas le cynisme, c'est une sorte de sécheresse passionnée. Il fait des bêtises. La troisième partie le met en contact avec deux petites filles de l'aristocratie assez étranges : Dominique et Catherine. Entre-temps, Olivier est devenu écrivain, et il a du succès. Dominique aime ce succès, et Catherine aime Dominique. C'est pourtant Catherine qu'Olivier épousera. Mais la conclusion ne sera pas gaie pour autant.»
Chronique d’une certaine bourgeoisie et plus particulièrement de sa jeunesse avant et après la seconde guerre mondiale, elle s’incarne tout particulièrement en Olivier Malentraide dont on suit le parcours par trois périodes particulières où il est en interaction étroite avec la gente féminine. D’une intelligence supérieure, il est en perpétuelle quête d’un impossible zénith tout en pressentant la proximité de l’inexorable et consécutive chute du haut de la roche tarpéienne : une vie au fil du rasoir... De ces contradictions, il se nourrit et se construit pour créer un monde où le geste n’est en rien en lien avec l’intention. En cela, de nombreuses générations qu’on a dit perdu se sont complues dans ces extrêmes. Ici, le désaccord qu’on donne à l’unicité s’exprime par un dénigrement des valeurs chrétiennes mais en restant d’autant plus attaché à une certaine réputation, le mouvement par la danse et la vitesse, le rire aux moments les plus incongrus et sûrement les moins appropriés.
Chronique d’une jeunesse dorée qui se joue des codes et se cherche comme des enfants mais est d’une tristesse confondante : le rire employé ici est plus signe de désarroi et de vulnérabilité, de la prise de conscience de la puérilité de leur quête.
Nimier connait son métier avec un style riche en symbole qui peut aisément porter à la citation – ce que je ne ferai point étant donné ma soudaine nonchalance. Il faut prendre le temps de déguster certains passages comme certains morceaux de bravoure en littérature.
Nimier fut une étoile filante du monde littéraire dont la fin dans un accident de voiture, tel Camus ou James Dean, ne l’a pas empêché d’être le chef de fil d’un courant littéraire qui s’opposait notamment à l’omniprésent existentialisme incarné par Jean Paul Sartre. Ce livre m’est au final apparu comme une critique acerbe de ce courant philosophique en vogue à cette époque : l’existentialisme n’est en fait qu’un jeu vain, malsain et égocentrique où la volonté de s’émanciper et de vivre ne peut s’exercer qu’en malmenant son entourage afin qu’il obéisse, les réduisant à une servilité plus ou moins acceptée. En cela l’existentialisme obéit aux même ressorts qui font de certains enfants les tyrans ou les esclaves des cours d’école. Toutefois l’âge venant, on se rend compte de la vanité de la démarche, ce qui la vide par conséquent de toute la charge qu’on avait su y insuffler initialement. En résumé, l’existentialisme ne serait-il pas un jeu quelque peu puéril, futile et en rien amusant pour intellectuels en recherche d’émancipation vis-à-vis des conventions d’une société rigide dans ses conventions ?
Au final, allez donc vous faire votre propre idée …