Avis Les femmes de Karantina de Nael El-Toukhy
Je ne suis pas habituée des romans qui se passent au Moyen-Orient. J'ai dû en lire moins de cinq. S'ils ont été lus, c'est parce que l'occasion s'est présentée et qu'ils m'ont été envoyés dans le cadre de partenariats. Je n'ai jamais eu de soucis avec les auteurs et les histoires lus. Mais, j'en ai tellement dans ma PAL que ces romans ne sont pas mon domaine de prédilection. J'ai eu la chance d'être sélectionnée dans le cadre de Masse Critique de Babelio et j'ai reçu ce roman. Je ne regrette pas ma demande. Si je ne suis pas une habituée de ces romans, ces pays ne m'attirent pas particulièrement. N'y voyez aucun racisme de ma part. Pourtant, cette histoire me fait voir l'Egypte et ses habitants autrement. Je n'ai aucune idée préconçue sur les Musulmans, j'ai vécu à côté d'eux. Je les respecte comme ils me respectent. Même si je ne suis absolument pas croyante, leur religion ne me laisse pas indifférente, surtout lorsqu'elle n'est pas interprétée. Comme dans toute religion, il y a du bon et du mauvais. Mais ici, en définitive, il n'est pratiquement pas question, de religion.
J'ai été surprise par cette histoire et ces personnages qui se déroule sur trois générations. Trois générations de femmes, mais pas que. Il y a des hommes aussi. Sont-ils manipulés par les femmes ? Elles sont fortes, incroyablement fortes avec la première Injy, Egyptienne mais qui a vécu en Arabie Saoudite et qui est diplômée. Elle va rencontrer un lointain cousin. Sans trop y toucher, ils vont tomber amoureux. Leur fuite, après l'assassinat d'un homme, dans un quartier d'Alexandrie, ne leur permettra jamais de revenir. Injy, avec ses paroles, ses non-dits également, entraîne Ali pour qu'au fur et à mesure il venge la mort de son père. Entre assassinats, pouvoir, Inji et Ali vont devenir les maîtres, les héros de Karantina, un quartier où ils vont s'installer. Le lecteur suit donc Injy, Ali, leurs amis d'un jour et ennemis d'un autre jour. Alexandrie et ce quartier de Karantina verront des luttes, des meurtres et ce n'est pas fini avec les générations qui arrivent, soit Hamada, le fils d'Injy et Ali et ensuite leurs petites filles. Ce sont donc deux familles qui vont tenter d'évincer l'autre.
Ce que j'aime bien avec cet auteur est qu'il annonce des faits, des vérités mais aussi des contre-vérités car rien n'est simple dans la vie. Un jour, tout peut être conforme à ce que l'on attend et un autre jour, ce sera le contraire. Cette étude de la société égyptienne et surtout celle d'Alexandrie démontre cette lutte de pouvoirs, cette lutte contre le pouvoir qui ne peut ou ne veut rien faire, à cause des pots de vin. Lutte contre le fondamentalisme, contre le régime et contre la morale égyptienne. Car oui, Inji et Ali, sous couvert d'un café, de donner des cours, ont ouvert un endroit où ils ont embauché des prostituées. Les dialogues sont riches, ils peuvent faire sourire. Ils ne prennent pas de gants lorsqu'ils parlent. L'auteur prend le lecteur à témoin et préfère raconter l'histoire, avec des rappels du passé, avant que quelqu'un d'autre ne le fasse.
Immoralité, rumeurs, héroïsme, Histoire également avec ces légendes. J'ai trouvé ces personnages assez libérés ce à quoi je ne m'attendais pas, en définitive. Ce qui veut dire que nous sommes, quand même, conditionnés, par ce que l'on peut entendre à la télévision ou dans les journaux. J'ai juste un petit reproche à faire à l'auteur, mais ce n'est rien de grave. Oui, les jumelles sont bien deux. Il n'était pas nécessaire d'écrire et répéter les deux jumelles.
Lu dans le cadre de masse critique Babelio avec Actes Sud que je remercie.
Résumé Les femmes de Karantina de Nael El-Toukhy
2064 restera l'année la plus cruelle de l'histoire d'Alexandrie. Un chien meurt alors que sa femelle le cherche.
Beaucoup plus tôt, Ali, tient un magasin de vêtements avec son frère. Il rencontre Injy, qui se révèle être une lointaine cousine. Elle va l'amener à tomber amoureux d'elle.