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Les Grands Paradis
Fiche technique
Auteur :
Juan José SaerGenre : RomanDate de publication (Argentine) : 1 janvier 1974Langue d'origine : EspagnolTraducteur :
Laure Guille-BataillonParution France : 1 janvier 1980Éditeur :
FlammarionISBN : 9782080643049Groupe :
El Limonero RealRésumé : Roman organique qui parle des corps et des objets , de la corrosion du temps et de l'usure, Les Grands Paradis est une description matérialiste du vécu comme l'aventure intérieure d'une douloureuse appréhension du monde. Tout y est bruits, battements intermittents qui martèlent et étincellent, fragments pourris de réalité, lumière d'ombre liquide, voix de coqs et de chiens, odeurs sauge et de verveine. Entre l'"ile" et le "fleuve" imbibés de brume blanche et d'épais brouillard, vivent Wenceslao - pêcheur et paysan de Paranà -, sa femme, sa famille, son fils mort depuis six ans. Au cœur, au centre de ce cocon ouaté et lourd : le limonier, arbre phénix, arbre symbolique, arbre d'avant la naissance "qui dégage même la nuit comme une lumière" et à l'ombre duquel le temps s'écoule, immobile, cyclique comme l'immobilité parfaite de son écorce pleine de fentes et de crevasses. La très grande beauté de ce livre d'une fulgurante rigueur réside dans la relation minutieuse d'une journée, ce 31 décembre où Wenceslao traverse du bout de ses doigts, du bout de ses paupières la masse blanche et opaque de sa mémoire. Dans l'obsessionnel de la superposition, de la perception, du recommencement de la terre, des animaux et des arbres, des travaux et des jours, la monotonie devient tragédie. L'imperceptible de la mort s'y répète, par bouffées subites, par rumeurs. Refusant toute description psychologique, c'est l’œil qui scrute, découpe, déchire. Et quand le jour se lève et que s'ouvrent les yeux, le sacrifice peut commencer car la réalité de la vie n'existe que dans son irréalité, toujours recommencée, comme les fruits lourds du limonier, réels et magiques - "Brebis perdue viens sur mes épaules car aujourd'hui je suis non seulement ton pasteur mais aussi ton pâturage" (Gongora)...