La pluie des campagnes russe et les batailles intérieures des personnages, voilà ce qui ressort de ces quatre nouvelles de Tchékhov.
Quatre nouvelles qui se synchronisent, se complètent presque - dans leur grisaille, dans leur honnêteté. Le désarroi des personnages, qui ne peut pas ne pas nous parler encore, est le fil de trame de l'ouvrage.
Au milieu des comportements nombrilistes, c'est une leçon d'ouverture que donne le personnage principal des Groseilliers, qui, dans ses vieilles années et non sans un certain pathos, exalte la volonté, la bravoure, le don de soi dans ce passage qui constitue la clef de voûte de l'ouvrage. Aussi, la première nouvelle, qui met en scène un personnage relativement inconscient de sa mesquinerie (fait fréquent chez Tchekhov), nous donne à réfléchir sur nos désirs, qu'ils soient endigués ou assouvis.
En donnant un panorama de quatre manières d'occuper son existence, l'auteur met le doigt sur un certain mal de vivre, et, au fil d'une écriture efficace, qui ne fait pas de cadeau, il nous invite à sortir de notre inertie, à ne pas laisser la quête de la beauté nous échapper pour de basses lubies, pour du confort. Il faut s'entêter à de grandes aspirations, plus hautes que soi et être insatiable : "la vie est effrayante, alors il n'y a pas à se gêner avec elle !". Ces quatre nouvelles constituent donc une lecture revigorante, par-delà les intempéries des paysages russes magnifiquement évoqués.