Difficile de rentrer dans ce livre de prime abord. Une langue un peu pompeuse, des dialogues très grandiloquents, une atmosphère morose à souhait... Et puis petit à petit tout se met en place. Il s'agit d'un récit encadré, et si la mise en place du cadre et un peu ennuyeuse, le récit de l'histoire des familles Earnshaw et Linton fini par prendre aux tripes.
D'abord, il y a le cadre, cette lande sauvage que l'auteur parait-il aimait beaucoup arpenter de son vivant. Cela se sent dans ses descriptions, on est vite happé au cœur de ce paysage désolé.
Ensuite, il y a cette histoire de vengeance sans concession, qui jette trois générations dans la tourmente, le tout avec moult péripéties haletantes dignes d'un roman d'aventure.
Enfin, et surtout, il y a les personnages. Mauvais, durs, sombres, on est loin des héros de roman que l'on aime pour leurs bons sentiments. Tous sont extrêmes dans leurs sentiments ou leur comportement, et tous sont finalement très humains et pathétiques. Rien que pour Heathcliff, ce roman mérite d'être lu. Heathcliff que l'on aimerait pouvoir plaindre à cause de son enfance difficile mais qui se révèle tellement odieux et profondément mauvais que l'on ne peut plus lui trouver d'excuses. Heathcliff que l'on aimerait pouvoir détester comme le méchant ultime, mais que l'on découvre tellement brisé que finalement la pitié l'emporte sur la haine. Dans ce roman, le "méchant" fait parti des héros, on le suit, on le comprend, on le hait et on le découvre finalement trop humain pour ne pas le plaindre.
Après Jane Austen et ses romans drôles et légers, "Les Hauts de Hurlevent" m'a offert une autre vision de la littérature anglaise : sombre, âpre et sans concession. Un bon moment de lecture, dont la fin m'a tout de même plus convaincue que la première partie.