Quel genre de putain de sorcier êtes-vous ?

Les Héros est le second One Shot d'Abercrombie qui suit à la fois directement et indirectement l'histoire de sa trilogie La Première Loi et son premier One Shot, Servir Froid.

Personnellement refroidi par Servir Froid, j'ai été agréablement surpris par Les Héros. Là où Servir Froid offrait des personnages assez fades car déjà connus (Vitari/Cosca/Shivers) et/ou trop similaires à ceux utilisés dans sa trilogie (Monza/Glokta), Les Héros offre des personnages déjà vus mais hauts en couleur.

Peut-être étais-je trop exigeant avec Servir Froid. Au moment de ma lecture, je venais de terminer La Première Loi et je m'attendais à un livre différent et du même niveau. Mais le traitement des personnages déjà connus m'a semblé ennuyeux (Vitari surtout, que j'aimais beaucoup). Monza me faisait trop penser à Glokta et était tellement en-dessous que je ne parvenais pas à l'apprécier pleinement. Et bien sûr, le personnage que j'aurais aimé voir était mort dès le départ.

Ici, les personnages, déjà vus également pour la plupart, m'ont plu. Calder en particulier (forcément, il ressemble comme deux gouttes d'eau au frère mort de Monza que j'aurais aimé voir dans Servir Froid), on sent qu'Abercrombie se fait plaisir avec ses personnages lâches et incapables de tenir une épée, surtout dans un Royaume comme celui du Nord et c'est Génial ! Craw également droit comme un "i" ! Whirrun, Merveilleuse, Finree, Gorst, Scale et Dow bon Dieu ! DOW LE SOMBRE !

C'est là qu'est la force d'Abercrombie, dans ses personnages. Il parvient à me faire apprécier des personnages qui m'étaient exaspérant dans sa trilogie. Calder et Scale étaient des enfoirés, ici, leurs points de vue se défendent. Bethod, leur père, n'est plus le salopard vu par Renifleur et Neuf-Doigts, il est le grand homme qui a civilisé le Nord !
Dow est exceptionnel, on sent que son rôle l'a fait mûrir. Il a changé et je le trouve parfait en Roi du Nord. Toutes ses apparitions m'ont plu. Il ne fait rien sans réfléchir mais il adore toujours se battre, comme un vrai Nordique !
Gorst qui n'avait pas grand intérêt change radicalement. J'aime beaucoup les personnages qui pensent tout le contraire de ce qu'ils disent (Glokta my love), c'était donc amusant de lire ses passages.

J'ai également apprécié sa façon de raconter la guerre en général, contrairement à une critique que j'ai lue, rien ne traîne en longueur (voire même tout va un peu vite, des guerriers qui se déplacent en 2 jours, la bataille qui se termine en 2 ... Mouais). Toutes les querelles intestines, rien n'est tout blanc ou tout noir et c'est superbe à suivre (je n'ai pas compté le nombre de fois où je me disais que Dow était sacrément balaise pour diriger une telle troupe d'emmerdeurs !).
Je suis un peu déçue par la fin de la bataille, un peu vite expédiée et qui me semble... Trop facile mais comment aurait-il pu en être autrement avec cet enfoiré de Bayaz ?

Je crois que jamais je n'avais ressenti autant de haine pour un personnage fictif. Chacune de ses apparitions me filent de l'urticaire. Il est insupportable. Dans sa façon de parler, de commander, d'être un enfoiré. Il mène tout le monde par le bout du nez et j'en viens à me demander si quelqu'un pourra le battre un jour. Je l'espère.

D'ailleurs, je dois reconnaître un autre talent à Abercrombie, c'est de nous mener à la baguette avec des retournements de situation. J'en avais vu venir certains.
Sans trop spoiler : Le combat dans le cercle. Le beau-père.
Mais j'ai tout de même été surpris à la fin (pourtant, j'ai lu La Première Loi, j'aurais dû m'y attendre).

Bref, j'ai beaucoup aimé ce bouquin. J'ai beaucoup aimé cette bataille et tous ces grands hommes qui se battent parce que c'est dans leur sang et que la Paix est ennuyeuse. J'ai hâte de lire la suite !