Les inconnus de Versailles par Stéphane Gallay

Il m’arrive de me rappeler que je suis historien et de plonger dans un livre traitant de l’Histoire. Récemment, ce fut Les inconnus de Versailles, de Jacques Levron, recommandé par Tristan Lhomme – excusez du peu! – sur le blog choral de Hugin & Munin.


L’édition que j’ai lue, publiée chez Tempus, date de 2009, mais c’est une réédition augmentée d’un ouvrage de 1968, qui avait connu un certain succès en son temps. Ça se sent un peu: le style est à la fois très lisible et délicieusement suranné.


L’auteur, qui a écumé les archives départementales et quelques fonds familiaux, reconstitue au gré des chapitres les faits et gestes de personnages qui vivaient en marge de la Grande Histoire de France, celle des rois et des généraux.


En creux, il reconstitue ainsi la vie dans la grande cité royale – le château, ses dépendances, mais aussi la ville de Versailles elle-même – sorte d’État dans l’État qui tournait autour du Roi, car l’État, c’était lui.


Bon, la plupart de ces « inconnus » n’étaient pas non plus de la roture: même le valet de chambre de Louis XIV avait un – petit – titre de noblesse et la plupart des chapitres parlent d’aristocrates, le plus souvent de basse extraction, mais aussi parfois de vieille noblesse.


Nombre des portraits se rapportent à des personnages qui vivaient dans l’ombre de plus grands noms, comme l’intendant de la Marquise de Pompadour ou le confesseur de la Dauphine et de ses enfants.


On découvre néanmoins une foule de détails peu connus de la vie à Versailles, notamment via certains métiers que l’on soupçonne peu: la question de la protection contre l’incendie – capitale dans un endroit chauffé au feu de bois et illuminé par des bougies – l’entretien des fontaines, lié quelque peu au précédent, les boutiquiers ou même la police de la ville.


Le lecteur ne manquera pas de noter qu’il faut souvent dépenser énormément d’argent pour l’insigne plaisir d’être à la cour et, s’il est parfois possible de s’y enrichir, c’est surtout un endroit où on contracte des dettes colossales et où le fournisseur doit souvent chasser l’aristo mauvais payeur.


Pour ceux qui cherchent à plonger dans se mettre dans l’ambiance « cape et épée », Les inconnus de Versailles est une vraie mine d’or pour l’inspiration, qui a en plus l’immense avantage d’être agréable à lire et solidement documenté. Le livre date un peu, mais c’est loin d’être tragique.

SGallay
8
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le 12 avr. 2015

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