Oral de cours que je mets là comme ça pour archiver
D’abord, rappelons qui est Proust : auteur majeur du XXe, il naît d’un père médecin et d’une mère issue d’une famille riche et cultivée. Dès l'enfance, Proust souffrit de crises d'asthme chronique. C’est dans ce cadre que le jeune Proust se découvre d’une passion pour la littérature et fait preuve déjà enfant d’une grande sensibilité. Ses talents littéraires se manifestent dès le lycée. Plus tard, il commence à fréquenter des salons et à écrire quelques articles. C’est en mai 1913, qu’il adopte pour titre général: À la recherche du temps perdu et commence une œuvre qui le suivra jusqu’à la fin de sa vie, œuvre qui du vivant de Proust fait l'objet de vives controverses car considérée comme illisible.
Aujourd'hui elle est reconnue comme une œuvre majeure de la littérature française et même mondiale. Cette œuvre est à la fois une observation et une introspection, qui fait s’entremêler le moi et le monde. Quant aux êtres, c’est nous qui leur donnons leur dimensions ; l’indifférence les efface, l’amour et la jalousie les exaltent ; l’intelligence les discernent.Tout ce monde dans celui d’abord d’un petit garçon puis d’un homme qui cherche à devenir écrivain mais aussi à retrouver son moi perdu. Nous confondrons l’auteur et le narrateur dans cette étude car bien que dit différent de l’auteur, de nombreux points laissent à penser que c’est sa vie qu’il raconte avec bien sûr une certaine transfiguration du réel qui permet et la beauté du style et l’exaltation de souvenir.
Proust, déjà jeune écrivain nous transporte dans un riche hôtel où il loge (Balbec) pour se consacrer et à l’écriture et se reposer en raison de ses graves problèmes de santé. Un soir pris d’une fatigue cardiaque, Proust en déboutonnant sa « bottine » est pris d’un grand « bouleversement de toute sa personne » qui le ramène au souvenir plein de douceur de sa grand-mère qui le soignait un an auparavant. A partir de là, on assiste à une vraie superposition entre la temporalité réelle et le souvenir douloureux de sa grand-mère. Proust va ainsi aborder les thèmes du deuil, de la mémoire involontaire, de l’agonie d’un être cher et de l’affection qu’on lui porte. L’auteur transpose ces différentes thématiques aussi bien avec des exemples précis de ses émotions ressenties qu’en les transposant sur sa mère endeuillée depuis maintenant un An. Et qui vraisemblablement n’arrive pas à se détacher de l’image de sa mère. L’on pourrait résumer ce court récit en une phrase : « Cet anachronisme qui empêche si souvent le calendrier des faits de coïncider avec celui des sentiments, que je venais d’apprendre qu’elle était morte. » Avec un style incisif qui s’accompagne de métaphores justes et touchantes sur la mort et le souvenir permet à nous aussi lecteur de nous replonger avec plus de réalité dans notre passé perdu. On rappelle que l’auteur voulait appeler son œuvre « les intermittences du coeur » au départ, l’on comprend donc l’importance de cette partie.
D’abord, c’est le style qui m’a choqué, une grande parties des mots étaient pesées, les sonorités étaient travaillées. Et le plus impressionnant est la capacité de Proust à associer une narration intéressantes, à un écrit poétique ainsi qu’à de nombreux passages philosophiques.
Donc, d’un point de vu stylistique, Proust m’étonnera toujours, j’ai l’impression qu’il est comme enfermé la plupart du temps dans un style saccadé, ennuyeux, glissant sur le banal. Un style presque maladif et asthmatique ? C’est le cas de certain passage très difficile à supporter dans des livres entiers comme Combray avec des explications étymologiques et historiques ennuyeuses et pauvres littérairement. C’est aussi le cas dans ce passage, avec Mme Cambremer où l’on lit trois page ennuyeuse à mon goût, très pauvre littérairement parlant qui sont sûrement là pour faire une critique de certaine manière de la bourgeoisie mais qui n’ont pour moi pas d’intérêt et où se manifeste un style saccadé. La phrase : « mais elle savait que sa venue probable avait été annoncée par le maître de maison, que ce fût un noble ou un franc bourgeois de Maineville la teinturière ou de Chattoncourt l’orgeuilleux » pour moi, n’a aucune intensité, ne présente rien de fort, seulement une petite bourgeoisie pleine de noms, de lieux et de statuts qui s’énumèrent.
Puis d’un coup, un éclair, une tendresse, un mot, un souvenir et l’écrit presque divin par un flot de mille paroles qui s’enlacent et s'étreignent ensemble crée les plus grands sentiments, les grandes intensités. La mort se joint au désir insoutenable de vivre, la légèreté se noue à un monde lourd de mélancolie. Et ce mélange, ce parfum harmonieux définit avec justesse le sentiment que l’auteur cherche à retrouver, à définir. Le temps est retrouvé, l’éternité adoptée même l’espace d’une seconde, mais pas unique ? Les premiers passages pour sa grand-mère son empreint d’une grande beauté, l’expression « retouchant le passé », un zeugme qui appuie sur la possibilité qu’à Proust de modeler ses souvenirs et sa mémoire pour les rendre soit plus mélancoliques soit plus heureux. Ou encore tout l’épisode dans le rêve de Proust dans le monde du sommeil et des morts où l’on voit les phrases s’allonger et le style se libérer : Nous sommes embarqués sur les flots noirs de notre propre sang comme sur un Léthé intérieur aux sextuples replis, de grandes figures solennelles nous apparaissent, nous abordent et nous quittent, nous laissant en larmes. Je cherchai en vain celle de ma grand-mère dès que j'eus abordé sous les porches sombres ; je savais pourtant qu'elle existait encore, mais d'une vie diminuée, aussi pâle que celle du souvenir ; l'obscurité grandissait, et le vent ; mon père n'arrivait pas qui devait me conduire à elle. Des images très obscures et détaillés, un passage plein de synesthésie « obscurité » « le sang » « la paleur de la grand mère » « le vent et les larmes qui coulent » un tableau horrifique mais très bien mené qui se prolonge sur un dialogue touchant. Enfin la capacité de Proust à allier des éléments innatendues pour créer une harmonie des contraires très fortes, c’est le cas dans la dernière page avec la phrase « les pieds dans la boue et en toilette de bal », image antithétique qui pour moi est tout simplement incroyable, d’une telle intensité, qui crée une impression de lumière dans toute cette obscurité.
Mais peut être que c’est cette inégalité de style qui fait la beauté et permet aux plus beaux passages d’être mis comme sur piédestal de briller et d’autant plus, d’être apprécié à leur juste valeur, d’être lu avec plus d’attention. Pour autant, certain long cela ne justifie que très partiellement la présence de certains passages très ennuyeux chez Proust.
Enfin, c’est le thème abordé qui m’a plu, celui de la mort et du deuil d’un être aimé. L’idée de Proust que la mort d’une personne importante ou sa disparation dans nos vie fait mourir une partie de nous était une opinion personnelle très importante chez moi. En effet, pour moi la mort, la rupture amoureuse… est aussi le deuil de nous même, d’un nous même perdu qui ne retrouvera jamais et de vrais souvenirs et des émotions « en couleur ». Mais je n’avais qu’entrevu l’idée qu’un souvenir pouvait reparaître aussi fort dans la vie, ainsi l’idée de ces intermittences du cœur qui rythmes notre vie mais surtout l’idée des résurgences du passé par la mémoire involontaire m’ont profondément marqué. Le passage qui ouvre le début du deuil chez l’auteur « bouleversement de toute ma personne » ainsi que tout le décor que pose Proust à la fin qu’il juge lui même d’estampe avec tout un décor nippon où des rayons de soleil traversent un pommier fleuri et plein d’oiseau, passage qui se clôt par « c’était une journée de printemps ». Ces derniers mots accompagnés de cette dernière phrase sonne le renouveau, comment Proust dépasse la mort, le deuil et y voit une lueur, un espoir et un souvenir heureux. Aussi le traitement de ces thèmes est intéressant par l’utilisation de nombreux aphorismes qui sont vraiment agréable car résumant élégamment la pensée de l’auteur : c’est le cas avec des phrases comme : « notre âme totale n’a qu’une valeur presque fictive », « la mort n’est pas inutile, elle continue à agir sur nous »… court et précis, ils permettent d’aborder plus simplement les questions philosophiques posées.
En fin de compte, certain passage me pose problème car je les ai trouvais ennuyeux, d’autres au contraire et qui représente la majorité de mon impression son dans les plus beaux passages que j’ai pu lire et aborde des thèmes importants à mes yeux avec des points de vus intéressant et très bien illustrés. Pour cela, j’aime profondément ce livre.
Ensuite, on peut établir de nombreux parallèles avec le thème des expressions de la sensibilité, d’abord, le plus évident, cet ouvrage est en lui même une expression toute entière de la sensibilité de l’auteur.
En effet sa sensibilité personnelle s’exprime dans tout l’ouvrage, son affection pour sa grand-mère, les épisodes où il a honte d’avoir oublier sa grand-mère… Pour cela, Proust use et décrit ce qu’est la mémoire involontaire et comment elle se manifeste. C’est le fait, par une sensation similaire à une ancienne de se remémorer un phénomène affectif et de nombreux sentiments. C’est ainsi que quand le narrateur détache sa bottine « Mais à peine eussé-je touché le premier bouton de ma bottine, ma poitrine s'enfla, remplie d'une présence inconnue, divine, des sanglots me secouèrent, des larmes ruisselèrent de mes yeux » . Ainsi par un phénomène physique ici le touché surgit l’image de sa grand-mère rassurante en train de le soigner lors d’une crise d’asthme, il écrit : « Je venais d'apercevoir, dans ma mémoire, penché sur ma fatigue, le visage tendre, préoccupé et déçu de ma grand-mère, telle qu'elle avait été ce premier soir d'arrivée ; le visage de ma grand-mère, non pas de celle que je m'étais étonné et reproché de si peu regretter et qui n'avait d'elle que le nom, mais de ma grand-mère véritable dont, pour la première fois depuis les Champs-Élysées où elle avait eu son attaque, je retrouvais dans un souvenir involontaire et complet la réalité vivante. ». Ici, il ressent un vrai sentiment profond et douloureux, emplit de honte et de tristesse, en effet, son émotion s’explique par le choc produit par la résurgence du visage de sa grand-mère.
Enfin, ces sentiments et émotions sont retranscrit par l’auteur avec un vrai travail intellectuel et de bon sens. Il cherche dans toute son œuvre à retranscrire des sensations, il nous l’explique dans ce passage avec « cette réalité n’existe pas pour nous tant qu’elle n’a pas été recrée par notre pensée ». Ainsi, le choix des mots, sont tous preuves de l’expression de la sensibilité de l’auteur, par exemple l’adverbe « bouleversement » crée une cassure rythmique et de construction et permet de retranscrire le choc de l’auteur. Aussi, c’est l’importance des images et métaphores puissantes : celle de sa grand-mère penchée sur lui, celle de sa mère au bord d’une plage transfigurée, celle d’une mère qui se métamorphose en sa grand-mère... Ainsi, l’on a une vraie progression logique des trois phénomènes qui permettent l’expression et le partage de la sensibilité en un passage.
Il est évident que l’on peut retrouver ces différentes étapes dans les 70 pages du livre, étant donné que ce livre est écrit à la première personne et tend à montrer les différentes émotions que traversent l’auteur. C’est une autofiction.
Mais aussi, Proust aborde l’expression de sa sensibilité d’autres manières, c’est le cas lorsqu’il va dormir et se retrouve dans un véritable rêve qu’il raconte et qui traduit son état momentanée de penser. « Mais dès que je fus arrivé à m'endormir, à cette heure, plus véridique, où mes yeux se fermèrent aux choses du dehors, le monde du sommeil (sur le seuil duquel l'intelligence et la volonté momentanément paralysées ne pouvaient plus me disputer à la cruauté de mes impressions véritables) ». Ainsi, comme il le dit le rêve lui permet d’avoir un accès plus direct à ses émotions. C’est une traversée intéressante dans l’inconscient de Proust qui nous éclaire sur ses angoisses et peurs.
J’ai choisi les deux dernières pages du texte, simplement parce qu’elles m'ont profondément marqué. J’avais l’impression de tout voir, la lumière, ces oiseaux, cet arbre. Je trouvais ainsi que comme conclusion, philosophiquement c’était une très belle note d’espoir et une magnifique image de renaissance de la mort. Le soleil qui passe à travers le pommier, quand je l’ai lu pour moi c’était l’image, la seule image de la mort et de la puissance du défunt qui nous suit même à travers tout ce que l’on traverse. C’est évidemment mon interprétation, en ce qui concerne le style, il est d’une telle richesse : comme dit précédemment « les pieds dans la boue et en toilette de bal » est ma phrase préférée. C’est une vraie image de paradis que nous présente Proust où se confond la luxuriance de la nature : « luxe inouï », »pommiers à pertes de vue », on nous parle de feuilles de fleurs, aussi d’une grande lumière des couleurs comme « le satin rose » « des bouquets rougissants » « des mésanges bleus », toutes des couleurs saturées qui souligne la richesse que nous laisse le défunt. Même à semi caché par une averse qui zèbre l’horizon, le pommier continue de dresser « sa beauté, fleurie ».
Enfin, l’intensité est crée par un nombre incalculable d’antithèse qui permettent le jaillissement d’une véritable harmonie des contraires, des images opposées qui se confrontent et se montent en puissance, les unes par rapport aux autres. C’est le cas de la phrase « sous cet azur une brise légère mais froide faisait trembler légèrement les bouquets rougissants », une image inquiétante s’insère dans le calme du paysage, aussi la nature est dite « artificiellement crée » une contradiction totale entre le vrai de la nature et la création humaine et fausse. Et enfin simplement le pommier qui s’oppose simplement à l’averse et qui en se superposant crée l’image du deuil, la puissance du souvenir de l’ancien défunt couplé à la souffrance du néant qu’il laisse, qui ensemble crée un paradis total, un paradis triste sur certain aspect mais un paradis. Voilà pourquoi j’ai choisi ce passage.
Pour conclure, les intermittences m’ont d’abord fait m’imprégner d’un style que j’aime qui souligne que même en écrivant des phrases parfois longues, complexes et laborieuses : la simplicité et l’évidence peuvent jaillir et créer une très grande beauté dans un grands flots de mots.
Ensuite, en terme de leçons, l’on comprend qu’un être cher n’est que plus vivant dans sa propre mort, et nous permet de le retrouver tout entier. De plus, il continue de vivre à travers nous, et chacune de nos paroles et gestes sont comme accompagnée d’un souffle unique, celui de la voix de nos proches disparus. C’est dans les moments de souffrance et de mort aussi que l’on rencontre l’éternité, et l’intensité la plus grande.
Enfin, cela m’a donné l’envie d’écrire, écrire pour comprendre et retrouver notre « moi total » qui n’est certes que fictif d’après lui mais que l’on peut aussi retrouver par la fiction. Ainsi, l’ idée d’identité affective de Proust met en valeur la présence d’une multitude de moi que l’on peut en quelque sorte retrouver, récolter et recoller ensemble pour synthétiser l’œuvre de notre vie semble pour synthétiser l’œuvre de notre vie.
Créée
le 1 mars 2024
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