Une lame bien trempée mais mal équilibrée.
"Splendide. Tolède, n'est-ce pas ?
- Oui.
-Les meilleures.
-C'est la trempe qui est excellente à Tolède, [...] je préfère les lames de Bohême."
Ce petit extrait du tome 3 résume assez bien la trilogie à mes yeux.
Ayant lu les Lames du Cardinal en format intégral, la note et la critique porteront sur l'ensemble des trois volume.
Pierre Pevel nous propose ici une histoire prenante et bien construite. Prenant exemple sur le découpage en épisodes des séries télévisées du moment, son roman se lit presque comme un scénario tant les scènes, plans et contre-plans sont apparents (pour ne pas dire soulignés).
Cette écriture façon cours de littérature populaire tel qu'enseignée dans les facs américaine (on retrouve tous les conseils donnés par Jim Butcher sur son livejournal : http://jimbutcher.livejournal.com/ ) permet une écriture simple et dynamique, mais malheureusement un peu dépersonnalisée.
Prenant place dans la France de Louis XIII et Richelieu, quoiqu'un peu réimaginée avec des éléments fantastiques, l'auteur a clairement fait un travail de recherche non négligeable mais qu'il ne peut s'empêcher de nous étaler un peu inutilement par moment, brisant presque la barrière entre auteur et lecteur pour nous exposer des faits ou des détails historiques. Et ce parfois à plusieurs reprises, certaines de ces descriptions étant reprises textuellement d'un roman à l'autre. Ce qui peut sans doute passer lorsque les lectures sont espacées d'un an ou deux, mais dans un volume en intégral, ça ne pardonne pas.
Ses personnages sont des incarnations d'archétypes : l'amazone, le dandy, le vieux capitaine, le maître d'arme, le ténébreux mystérieux....
Plutôt réussis dans l'ensemble, certains sont quand même un peu taillés à la serpe et leur psychologie tout juste effleurées.
Malgré tout, l'intrigue est bien construite et la sauce prend : difficile de lâcher le livre une fois commencé, d'autant que les chapitres plutôt courts incitent fortement à en lire un petit dernier pour la route.
On pourra toutefois regretter que la crise amenée au bout de trois romans soit résolue en un seul chapitre. Il est certes riche en action mais comme dirait Cyrano : "C'est un peu court, jeune homme !"
Enfin, j'ai eu le sentiment que l'auteur hésitait parfois sur le chemin à prendre : sans vouloir faire de spoiler sur le scénario, on voit certes bien l'hommage aux grandes histoires de cape et d'épée où les héros paraissent mourir pour mieux réapparaître par la suite, mais là les vraies mort et les fausses morts sont tout aussi présentes et l'on ne sait parfois plus trop sur quel pied danser.
D'autant que la réactions des héros manque un peu de cohérence d'une mort à l'autre.
Bref, malgré ces défauts, Les lames du Cardinal restent une série de romans passionnante et qui valent clairement le détour.
Pierre Pevel n'a peut être pas la verve et le goût des mots de certains autres auteurs de Fantasy français du moment, mais son oeuvre est plus accessible au grand public et à un public jeune. Son succès (la série ayant été traduite dans plusieurs langues et rencontre son public, notamment en anglais) est bien mérité.