Je suis passé par toutes les humeurs possibles à la lecture de ce bouquin. La première sensation fut l'énervement. Voici une belle bande d'intellectuels bourgeois parisiens gauchistes qui discutaillent sur l'avenir du monde à la sortie de la guerre, dans les salons les plus chics à grandes tournées de coupes de champagne.
Puis, la seconde sensation fut la colère. Quoi ! En plus, ce sont d'anciens résistants ! Alors que l'histoire nous a révélé l'attentisme parisien du couple Beauvoir-Sartre durant l'occupation. Un peu de respect voyons !
A ce moment, si je n'avais pas la volonté de lire tous les Goncourt, j'aurais cessé ma lecture.
Puis, Henri, le personnage central me parlait de plus en plus. Un humaniste, écrivain, journaliste, créateur d'un journal clandestin durant l'occupation, marié avec une pianiste, puis amant d'une actrice. Hum ! Hum ! Hum ! Mais elle évoque Albert Camus !
Pour digérer cette lecture, l'angle était enfin trouvé. Les potins et fantasmes de madame de Beauvoir.
"J'aurais souhaité qu'on prenne ce livre pour ce qu'il est ; ni une autobiographie, ni un reportage : une évocation".
En effet, belle évocation ! Du Closer et Gala réunies. L'écrivaine tord et façonne ses personnes sur son histoire personnelle.
Les descriptions récurrentes de soumise, amoureuse et godiche de Paule (Francine Faure, femme de Camus) m'ont paru indécentes et méchantes. Les caricatures des femmes dans son roman sont très surprenantes pour une féministe.
ça ressemble à un règlement de compte d'une femme éconduite amoureuse et vengeresse.
Puis, Nadine, la fille d'Anne, ne serait-elle pas le fantasme inassouvi de l'auteure ?
Bon, j’arrête mes méchancetés. Le point fort de l'ouvrage est quand même le style. Madame de Beauvoir est une excellente écrivaine, avec une très belle plume fluide et très accessible.
Les questions et ses visions qu'elle évoque, à travers ses personnages, sur le communisme et une gauche alternative sont toutefois très intelligentes et très percutantes.
Je finis ma critique de lecteur basique anti intellectuel attentiste, par une grosse pensée respectueuse à Monsieur Albert Camus et à la plus grande dame féministe et humaniste Madame Simone Veil.