L'histoire de ce livre est double.
Il s'agit de la christianisation ; des hommes venant de trop loin, crachant sur les dieux anciens et imposant le leur en une vérité absolue que les natifs ne peuvent saisir puisqu'elle ne leur appartient pas. C'est alors l'histoire d'un peuple entier opprimé, poussé à prier l'Unique en aspirant à respirer plus grand. Cette religion qui n'est pas la leur, ils la malaxent, la façonnent, la retournent comme du linge malpropre et en retiennent leur propre vérité : tant de prières sans réponse, la Terre n'est donc aucunement Son siège, elle revient à l'Autre. Ironique situation qu'à grands coups d'évangélisation on en vienne à désirer le Diable.
Et puis il y a le rêve, l'espoir que le beau existe au milieu de la merde ; qu'il faut le traquer, le saisir et ne jamais s'en défaire. Alors, il s'agit de l'histoire de magiciens, de danseurs et de musiciens, d'artistes en tout genre, de saltimbanques en somme, qui le temps de leur numéro, éclairent le ciel, y puisent les étoiles et vous les font manger.
Le style de l'auteur n'apporte rien à l'histoire, elle se suffit elle-même dans sa poésie et son ironie. Quelques répétitions alourdissent la lecture sans pour autant amoindrir le charme : quelques plument se perdent mais l'envol n'est que plus grisant.