« Les marteaux de Vulcain » est le dernier des premiers romans de K. Dick, inscrit dans l'age d'or de la SF, avant de connaître un certain succès avec le maître du haut château. Pour fermer cette phase de son œuvre il nous offre un roman qui semble être une réactivation de 1984 mais, à sa sauce. C'est moins totalitaire, juste dictatoriale et Big Brother est un ordinateur supra-intelligent et omniscient si on le nourrit de suffisamment d'informations.
Mais Vulcain 3 a une autre ambition, celle comme tout être vivant, de perdurer donc d'écraser la révolte des Guérisseurs qui grandit. Pour cela il inventera et construira ses drones en forme de marteaux (de trois tailles différentes jusqu'aux micro-drones) pour exterminer les récalcitrants à son autorité qui veulent le détruire.
Roman mineur de l'auteur, il faut bien le reconnaître, mais qui comporte beaucoup d'éléments proprement dickien. A commencer par les nombreux rebondissements qui à chacun d’entre eux réorientent la vision et la perspective de l'histoire. Puis les dialogues et les pensées des personnages qui sont généralement maîtrisés, bien qu'ils ne soient qu'un échauffement au vue de ce que Dick fournira par la suite.
Le livre a déjà soixante ans et contient quelques éléments d'anticipation majeurs et d'invariants anthropologiques. L'intelligence artificielle centralisatrice qui échappe à tout contrôle. Les drones comme armes de guerre bien plus efficaces que le soldat de chair et de sang. La dictature d'un gouvernement mondial issue d'une guerre terrible. La résistance à l'oppression par la soif de liberté même si celle-ci peut-être génératrice de nouveaux troubles. Atlanta, lieu effrayant de l'incarcération et de la rééducation. La prise de conscience d'une partie de l'élite qui bifurque au vue d'éléments irréfutables, qui change de camp.
Pour conclure, un livre spécial, certes microscopique dans la bibliographie de Dick, mais qui surprend quand on en a lu un certain nombre d'autres tellement il est iconoclastement dickien et finalement assez classique. Il manque cette folie jubilatoire qui fait le sel de ses romans, ce sentiment qu'à chaque page ça peut partir dans tous les sens.
Samuel d'Halescourt