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Les Ménechmes
7.3
Les Ménechmes

livre de Plaute ()

Je me suis lancée dans Les Ménechmes, plutôt que dans une autre pièce de Plaute, parce que j'avais déjà lu La Comédie des erreurs de Shakespeare, qui trouve sa source dans... Les Ménechmes, qu'on a longtemps pensé être une comédie de jeunesse de Plaute, ce qui n'est apparemment pas avéré. Comme j'avais fort médiocrement apprécié La Comédie des erreurs, je me suis dit que, éventuellement, la comédie de Plaute serait meilleure. Euh... Que dire ? J'ai pas vraiment aimé non plus, voire moins.


Résumons, ce qui ira plus vite qu'avec Shakespeare, qui avait étoffé l'intrigue en rajoutant pas mal de trucs. Dans le passé : un homme de Syracuse avait deux fils jumeaux, l'un prénommé Ménechme, l'autre... Ah, j'oublie toujours son nom et je l'appelle Sosimuche, mais c'est pas ça. L'autre, donc, se prénomme... Sosiclès (je viens de vérifier). Le père des jumeaux avait emmené son fils Ménechme je ne sais plus où, où il avait trouvé moyen de le perdre dans la foule. Le père était mort ensuite, tandis l'enfant avait disparu - en fait enlevé et emmené à Épidamme (ça se situe dans l'Albanie actuelle, là aussi j'ai vérifié, bien qu'on s'en contrefiche). Là-dessus, comme on croyait mort Ménechme, on décida de changer le prénom de Sosiclès et de l'appeler... Ménechme (c'est traumatisant pour les enfants de faire des trucs pareils, enfin passons). Au présent : Ménechme vit toujours à Épidamme, où il dispose de richesses, d'une femme, d'une maîtresse et d'un parasite (un type qui le suit partout pour manger à sa table, ce genre de choses), tandis que Ménechme Sosciclès parcourt le monde depuis des tas d'années avec son esclave Messénion pour tenter de savoir ce qu'est devenu son frère (on aurait pu s'en préoccuper plus tôt, passons.) Et le voilà qui débarque à Épidamme, l'heureuse coïncidence !


Vous imaginez aisément la suite : une avalanche de quiproquos, tout le monde confondant les deux Ménechmes. Et c'est à peu près tout. Toute la pièce est fondée sur le comique de situation, une histoire de manteau se trouvant au centre de l'intrigue. Si on peut parler d'intrigue, le mot est sans doute un peu fort... Ménechme vole le manteau à sa femme pour l'offrir à sa maîtresse, la maîtresse le remet temporairement entre les mains de Ménechme Sosiclès pour une raison qui ne vous intéressera pas, Ménechme Sosiclès essaie de se sauver en volant le manteau, etc. Ce n'est pas excessivement drôle à la lecture. Ça l'était sans doute davantage sur scène à l'époque de la pièce - sans quoi Plaute ne serait pas si connu -, d'autant qu'il existait une réelle proximité avec les spectateurs dans le théâtre latin, un peu comme dans le théâtre élisabéthain. Donc les interactions avec le public se révélaient, j'imagine, carrément importantes pour ce genre de comédie. Comme je ne m'y connais pas en théâtre latin, j'ignore si l'improvisation était un facteur important dans le cas des Ménechmes, mais je suppose que oui, car la pièce a une dimension farcesque évidente. Et d'autant que les interactions avec le public me semblent une incitation évidente à l'improvisation.


Tout ça pour dire que ça faisait sûrement son petit effet sur scène dans la Rome antique, mais que des effets scéniques comiques, surtout quand ils ont été pensés à une époque lointaine, ne passent pas toujours à la lecture, ce qui est malheureusement le cas ici (de plus, nombre de jeux de mots nous échappent) ; mais on peut dire à peu près la même chose des farces médiévales, et de tas pièces comiques plus récentes.


On notera tout de même, parce que c'est important dans le théâtre de Plaute, qu'on a ici un esclave intelligent, bien plus avisé que son maître Ménechme, qui lui est un rien idiot, tout comme son frère jumeau (l'ADN y serait-il pour quelque chose ?) Je ne vois guère ce que je pourrais tirer d'autre de cette comédie lourde, disons le mot, qui n'est - mais vous l'aviez compris, vu que j'ai pas arrêté de le répéter - pas du tout composée pour la lecture.


Les Ménechmes, pièce qu'on a dite inspirée de Ménandre - mais là encore on n'en sait trop rien - a cependant suscité beaucoup d’adaptations par la suite. Il paraît que la version de Jean-François Regnard est de loin la meilleure de toutes : est-ce que je vais tenter le coup ? Nous verrons, nous verrons.

Créée

le 20 janv. 2020

Critique lue 75 fois

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