1983, le monde-à-moitié c’est le monde des fêlės, ici c’est pareil que la mer : il y a les Calmes et les Agitées. Une mer fermée, c’est vrai, mais une mer quand même, où Elba, 15 ans,la narratrice, navigue depuis sa naissance. Elle est née ici, sa mère y a été internée. Les asiles ne sont pas des endroits adaptés pour les adultes, alors pour les enfants n’en parlons pas. Alors le juge des enfants a décidé de la mettre pendant cinq ans chez les bonnes sœurs Gros-Cul. Elle a tout fait pour revenir dans cette asile, car sa vraie famille est ici. Elle note dans son Journal toutes les maladies du mental pour comprendre ce qu’elle a, avoir des informations c’est le début de la guérison. Elle aime énumérer les objets, regarder la télé, chanter les jingles des publicités, mettre le feu, parler toute seule pour se tenir compagnie, inventorier les manies des autres. Elle nous parle des soignantes: Loupiote qui t’envoie le courant quand tu es agitée ou méchante, Gillette l’infirmière moustachue. Il y a aussi, Boucle d’or, blonde comme une présentatrice de Télé. La vie de ce petit huis clos va être bousculé par l’arrivée d’un nouveau psy « Le Jeunot ».Viola Ardone nous plonge au cœur d’un asile psychiatrique italien dans les années 1980. On enferme certaines femmes ici parce qu’on les juge extravagantes, qu’elles ne sont pas fidèles, pas capables de s’occuper de la maison, de leur mari et de leurs enfants, parce qu’elles se comportent comme des hommes et veulent aimer une femme ! Elba adolescente née entre ces murs porte un regard innocent et plein d’humour sur ce microcosme. Ce roman est surtout le récit d’un amour fusionnel entre une mère et sa fille,un récit à deux voix : celle d’Elba et celle de Fausto psychiatre qui s’est battu toute sa vie pour la fermeture des asiles psychiatriques.Si les deux parties consacrées à Elba ont su me passionner et m’émouvoir, portées par une plume puissante et magnifique. Les deux autres où nous retrouvons Fausto trente-six ans plus tard au crépuscule de sa vie m’ont paru moins intéressantes.Mais au final, comment ne pas éprouver une immense tendresse pour Elba et toutes les pensionnaires de la maison des fêlés.