J'ai découvert l'existence de ce livre totalement par hasard, lors d'une interview radio diffusée, et cela m'a immédiatement interpellé. Pour reprendre les mots de mon père, qui est lui-même progressiste tout comme moi : « Il y a le progrès, et eux sont dans la régression. »
Quand on parle de "eux", on a fini par les nommer très simplement : les wokistes.
À mes yeux, ce sont des personnes qui ont poussé le curseur de la bienfaisance, de la bien-pensance et du progressisme beaucoup trop loin.
Il a toujours existé, et il existera toujours, des gens capables de se mettre à la place des autres, des individus naturellement empathiques. Mais dans notre monde complexe, je peux comprendre que certaines personnes, parfois animées de bonnes intentions, finissent par aller trop loin dans leurs réflexions. Moi-même, plus jeune, j’ai été influencé! Sauf que je le reconnais et que pas grand monde semble penser par soit même... Et sur des questions de "bien et de mal", comme ici, ça me semble cataclysmique comme attitude.
Quand on m’a offert ce livre, je me suis empressé de le lire. Même si je connaissais déjà le wokisme, j’étais curieux de plonger jusqu’au fond du sujet.
À ma grande surprise, Nora Bussigny s’avère être une journaliste de talent. Son écriture est fluide, son propos semble honnête et ses affirmations vérifiables. C’est cette sincérité qui m’a convaincu et m’a permis de dévorer le livre en peu de temps. Cela dit, le sujet reste complexe, et en relatant des faits souvent affligeants, le livre peut parfois susciter un sentiment de lassitude. J’ai souvent dû fermer le livre, déconcerté par certaines pensées extrêmes qu’il évoque.
Ce n'est pas la faute de son autrice, mais du sujet pour le coup. C'est quand même assez rude sur la longueur, c'est la 4ème dimension pour le coup.
La lecture est heureusement ponctuée de passages très intéressants qui allègent l’ensemble, notamment lorsque l’autrice partage ses séances chez le psychologue. Ces moments apportent une touche de réflexion personnelle bienvenue : elle y dévoile les coulisses de l’écriture du livre et fait preuve d’une véritable honnêteté intellectuelle. Elle montre sa capacité à se remettre en question et son souci constant de ne pas se tromper.
C’est d’ailleurs cette réflexion qui l’a poussée à réécrire son livre une deuxième fois. Elle voulait en retirer tout ressenti personnel, car son objectif n’est pas de convaincre ou de flatter ceux qui partagent son opinion, mais simplement de rapporter des faits. Cette approche, bien que risquée, rend son livre plus accessible et bien plus agréable à lire que certaines œuvres saturées de haine ou de parti pris.
Elle a d'ailleurs tous mon respect, car j'ai pu difficilement arrivé jusqu'au bout de purges de ce type par le passé.
Elle a également pris soin de donner la parole à des personnes d’horizons variés, ce qui enrichit le livre d’un panel de réflexions pertinentes et équilibrées.
J’aurais pu m’arrêter là et recommander chaudement ce livre, mais les derniers chapitres m’ont profondément déçu. Nora Bussigny y explique qu’elle peine à trouver une conclusion et qu’elle craint la sortie de son livre, redoutant qu’il n’apporte finalement pas grand-chose.
Le résultat ? Une fin qui prend la forme d’un aveu d’échec : elle conclut sur un « je ne sais pas quoi en penser ». J’ai trouvé cela assez désolant.
Après autant de recherches, d’interviews, de réflexions personnelles et de remises en question, terminer sur une absence de conclusion m’a laissé un goût amer. Le livre, en cherchant à être trop neutre, finit par manquer de substance et d’humanité.
Cela ne m’empêchera pas de le recommander, car il reste instructif et bien écrit, mais ce n’est pas un incontournable.