Écrivain encore assez peu connu par chez nous, Wiley Cash pourrait bien prendre un peu de galon avec Les ombres de Oak Island, un roman noir passionnant qui nous replonge au cœur de l’année 1984, dans un coin paumé de Caroline du Nord, dans le comté de Brunswick.
Durant une nuit, le shérif Winston Barnes découvre aux abords de sa ville, un mystérieux avion ayant atterri quelques minutes plus tôt. Problème : il n’y pas le moindre passager à bord, ni aucun pilote aux commandes. Une tuile pour notre shérif que va devoir éclaircir ce mystère, d’autant plus qu’à quelques mètres de là, le corps d’un jeune noir est retrouvé mort, abattu d’une balle. Un garçon sans histoire, fils de Ed Bellamy, un professeur respecté de la ville de Oak Island auquel Winston va devoir apprendre la triste nouvelle. Un souci de plus pour le vieux shérif, qui doit aussi veiller sur sa femme atteinte d’un cancer, et accueillir prochainement sa fille Colleen, de retour à la maison après avoir perdu son bébé quelques mois plutôt.
C’est un vrai, un bon roman noir que nous propose là l’auteur américain Wiley Cash dont les deux précèdent livres – Un pays plus vaste que la terre (2013), et Le chemin de la rédemption (2015) – avaient été publiés chez Belfond. C’est donc presque une redécouverte que constitue ce livre, avec ici, une histoire, bien touffue et bien sombre, qui nous replonge dans les années 80, dans une petite ville de Caroline du Nord gangrénée par le racisme, où quelques miliciens bas du front font régner la terreur auprès de la population noire lors de virées nocturnes clandestines. Une bande de nostalgiques du Klu Klux Kan agissant sous l’impulsion d’un notable local, Bradley Frye, qui compte bien ravir le poste de shérif lors de la prochaine élection, et qui va tout faire pour déstabiliser Winston. Mais c’est sans compter sur la rage et la perspicacité de cet homme intègre et accablé par le malheur, qui va tout mettre en œuvre pour rendre la justice dans une ville, où, même au sein de son propre camp, il va devoir se méfier de tout le monde.
Dans un style classique, sans fioriture, ne s’embarrassant pas de détails inutiles, Wiley Cash nous offre là une intrigue solide avec un récit superbement dialogué, dans lequel on retrouve des personnages subtilement composés, ainsi que bon nombre de thèmes propres au genre (racisme, corruption, individualisme, drogue, sens de la famille, etc…).
Espérons qu’avec ce quatrième roman, pour lequel il a reçu par trois fois le « Southern Book Prize for Fiction » aux USA, cet enseignant en littérature, à l’université d’Acheville en Caroline du Nord, bénéficie d’une reconnaissance plus grande en France, au moins à la hauteur de son talent.
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