Je viens de finir les Osseleurs, et je sais déjà que cet opus va me marquer durablement.
Bien que toujours exigeant, une convergence s’opère et les nombreuses trames narratives arrivent à se rejoindre harmonieusement. Comme à chaque fois, ce volume dispose de passages éminemment épiques, le point d’orgue étant sans aucun doute l’irrespirable passage d’Y’Gathan, mais tout le passage à Malaz lui tient largement la corde. On retrouve avec bonheur différents personnages hauts en couleur qui avaient pour certains été absents de la parenthèse de l’excellent volume 5, et qui gagnent encore en épaisseur. Une des forces d’Erikson est le « charactère building » avec des personnages complexes dont les motivations, les certitudes et les actes évoluent au fur et à mesure d’une situation qui échappe à tout le monde.
Des évènements chaotiques font que l’incertitude règne aussi bien chez les mortels que chez les dieux, et les choix opérés ont des conséquences parfois bienvenues, souvent funestes mais toujours imprévues. Nous assistons comme toujours à des moments de barbarie, de bravoure et de « real-politic » avec les compromis, sacrifices et autres couleuvres à avaler qui l'accompagnent. Les situations sont des révélateurs de personnalités, et on se surprend à modifier son regard sur certains personnages.
Je reste flou pour ne pas spoiler, mais ce volume regorge de moments exceptionnels qui montre à quel point la fantasy peut être le terreau de la plus fertile littérature. Pour paraphraser une ex-conjointe présidentielle : merci pour ce moment. Rendez-vous au tome 7.