J'ai failli être dubitative. Mais j'ai été conquise.
L'histoire est si simple que la fable se déploie doucement comme une gondole glissant sur les eaux de Venise. Un américain découvre par hasard l'existence d'une ancienne amante de Jeffrey Aspern (un célèbre poète fictif, représentant Shelley dans la vraie histoire de ce fait). Vieille, cloitrée à Venise, nul ne sait si la dame possède des "papiers" (comprendre : correspondances, poèmes ou autre) cachés. Il va donc s'installer chez elle, afin d'essayer de lui dérober (par la ruse ou la force) ces fameux papiers).
Le style est si simple et polissé, si précis et méticuleux, que l'on attend toujours de savoir si la vieille est si terrible, pourquoi la nièce est si soumise, pourquoi l'homme ne parvient pas à ses fins. D'ailleurs, les dernières pages, magistrales, ouvrent un champ de compréhension nouveau à toute l'histoire.
On sent, derrière les remarques parfois vieux jeu du narrateur, un modernisme et un cynisme tout à fait amusants. De l'humour anglais, sous ces couches de serieux.
Une belle découverte !
Ps, je précise que je l'ai lu dans le texte original. J'ai cru comprendre que les traductions de James ne sont pas toutes faciles à lire.