Ken follet a une fâcheuse tendance : il fait subir à ses personnages des montagnes russes émotionnelles. Et moi, les montagnes russes, ça me fait gerber. Les héros atteignent le climax du bonheur puis tombent dans les tréfonds du malheur trois pages plus loin. C'est Harlequin dans l'Angleterre du XIIe siècle.
J'exagère à peine. A part ça, les piliers de la terre regorge de qualités. Ken Follet dessine de beaux personnages, un peu entiers mais crédibles. Il y a les bons attachants (le père Philip, Tom le bâtisseur, Ellen, Jack, Aliena...). Il y a quelques méchants réussis, qui peuvent se racheter une conduite à moindre frais en faisant pénitence (bien pratique), et quelques personnages plus ambivalents.
Les piliers de la terre bénéficie d'une grande précision documentaire (il me semble, je ne suis pas architecte). Le contexte historique s'intègre à l'histoire d'une façon très fluide.
Ken Follet a également réussi à construire une intrigue qui tient la longueur, sur presque 50 ans, le prologue n'étant dénoué que tout à la fin. Il y a de la cohérence : chaque sous-intrigue trouve sa solution.
Last but not least, à l'instar d'un George R.R. Martin, Follet n'hésite pas à faire mourir des personnages principaux dans la force de l'âge. Ce serait plutôt un bon point si les transitions entre les phases de gaité et les phases de tristesse n'étaient pas aussi rapides.
Pour une fois, moi qui ai tendance à râler contre les sagas en X tomes où rien ne se passe, je trouve que les Piliers de la Terre auraient pu exister en deux tomes. J'aurai bien pris un peu plus de descriptions de cathédrales, ou un petit glossaire.