Avec le dyptique Wang, j'ai débuté mon troisième roman de Bordage sans vraiment savoir ce qui m'attendait. J'avais, auparavant lu le cycle des guerriers du silence et les derniers hommes. J'avais passé un bon moment de lecture avec le premier bien qu'il me soit sorti de la tête assez vite, il me reste quelques vagues images et passages en tête. En ce qui concerne du second, je n'en ai aucun souvenir ce qui m'arrive vraiment très rarement. Wang allait-il être du même acabit, une bonne lecture sans l'an demain ?
Une chose est sûre, Wang n'est pas à classer dans la même catégorie que les 2 cycles précédemment cités. Beaucoup considèrent les guerriers du silence comme le chef d'oeuvre de Bordage mais je n'en fait pas partie. Ce dernier est, surement, une prouesse pour ce qui est de la densité du monde créé, mais là où Wang le surpasse, selon moi, c'est dans la création des personnages bien plus attachants et le lien avec un futur possible. Autant les guerriers du silence est une oeuvre féerique, autant Wang est une oeuvre terre à terre et cruelle. Cette cruauté et cette brutalité m'ont quelque peu choqué au début du roman. J'avais peur que le récit soit un florilège de violence gratuite mais il n'en est rien. Ces dernières étaient nécessaires pour rendre compte de la misère qu'il régnait à l'est du mur. Elles s'effacent avec le rideau électromagnétique remplacées par une autre forme de cruauté.
Tout est présent, dans ce roman, de l'action, des sentiments, de la politique, de la sociologie, de la psychologie…et tout ceci est porté par des personnages convaincants et intéressant. Une critique que l'on fait aux Américains (pour leur cinéma) est applicable à M Bordage, ce livre est un peu « francocentré » si on me permet ce néologisme.
Tout n'est pas original, les tueries sur une ile rappellent fortement d'autres oeuvres mais l'exploitation des anciennes guerres est assez judicieuse. J'espère réellement que l'avenir ne ressemblera pas à celui de Wang car j'espère que l'Homme s'émancipera de ces spectacles de tueries (je ne vais pas me faire que des amis mais comme la corrida).
Pour terminer, ce livre est très visuel, il pourrait très largement être porté à l'écran. C'est une lecture simple, fluide et efficace. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu un livre pareil.