« Tout ce qu’elle a pu réunir en un récit qu’elle a écrit, et qu’elle m’a confié. » (p.12), c’est grâce cette phrase que Cloé Korman commence son nouveau roman, “Les Presque Sœurs”. C’est avec beaucoup d’impatience que les lecteurs de Cloé Korman attendaient son nouveau livre. En effet, son succès avec son premier livre, “Les Hommes-couleurs”, lui a fait gagner en popularité, à plus forte raison qu’elle a été récompensée plusieurs fois.
Ce livre a un attrait particulier car c’est de l’histoire de sa famille et plus particulièrement celle de ses petites cousines qu’elle nous raconte. Même si le titre à première vu est peu éloquent sur le sujet traité, très vite on s’aperçoit qu’il est d’autant plus significatif.
En 1942, des milliers d’enfants juifs se retrouvent seuls et orphelins suite à la déportation de leurs parents. C‘est aussi le destin que rencontrent les trois petites Korman, Mireille,Jacqueline et Henriette. « Trois autres petites filles sont avec elles, dans cette maison qui n’est pas la leur. Leurs parents aussi sont absents. » (p.13), avec ces deux phrases l’autrice nous plonge directement dans le quotidien de ces enfants juifs séparés de leurs parents et dont l’État français ne voulait pas. En plus de ses trois petites cousines, elle nous conte l’histoire de leurs trois autres “presque sœurs”, les Kaminsky, qui, elles aussi, on subit le même sort. Tout au long du livre, l’auteure nous raconte les dures épreuves qu’on dut surmonter ces fillettes, par exemple : « La nuit, elles sont six allongées sur la même planche ». Elle nous fait également part des conditions sanitaires dans lesquelles étaient ces six fillettes : « On leur tondra les cheveux, jugés plus utiles dans n’importe quel réemploi industriel ». On suit leur voyage du départ de leur ville natale : Montargis, en passant par le camp de Beaume-la-Rolande, pour finir par Paris et ces fameux centres pour les enfants juifs.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture, même si aucun livre n’est parfait et que donc j’y trouve quelques points négatifs. En écrivant ce livre, Cloé Korman s’engage sur une pente à risque ; car en effet, la Seconde Guerre Mondiale est un sujet sensible rempli d’incertitudes, surtout si on prend le point de vue des enfants. De ce fait, elle émet de nombreuses hypothèses sur ce qu’ont vraiment vu et vécu ses petites cousines. Pour autant, j’aime sa façon d’écrire sur le sujet, de plus que c’est un sujet que j’apprécie particulièrement. Ce livre met en lumière des éléments qu’ont vécu les enfants juifs que l’on nous apprends pas particulièrement à l’école ; ce livre m’a appris certaines choses sur le traitements des juifs à cette époque. Elle n’évoque pas la mort à proprement parlée, même si elle y fait référence à plusieurs reprises, car c’est ce qu’ont regardé en face ses petites cousines à de nombreuses reprises. A force de lecture, je me suis attaché aux personnages avec toute leur naïveté d’enfants qui ne comprennent pas ce qui leur arrive, et puis il y a aussi la protection de Madeleine et Andrée, les aînées, envers leurs petites sœurs.
Ce que j’ai moins aimé en revanche, c’est le style de l’auteure concernant les transitions entre les deux périodes présentées. En effet, dans Les Presque Sœurs, l’auteure joue avec les deux périodes (1942/2019) et les différentes visions. Tout au long du roman elle nous raconte le voyage de ses petites cousines tout en retraçant leurs étapes à notre époque. Le deuxième point négatif est que l’arbre généalogique n’est pas indiqué ce qui le rend particulièrement difficile à suivre. De plus, de nombreux personnages se rajoutent tout au long de l’histoire que ce soit en 1942 ou en 2019. Enfin, le roman est assez lent, l’auteure répétant plusieurs fois des éléments, ce qui n’est parfois pas nécessaire. Mais surtout, je trouve la fin « bâclée » car les 60 dernières pages passent très vite et se concentrant principalement sur les Kaminsky, se désintéressant quelque peu de ses petites cousines.
En conclusion, ce livre a été agréable à lire et je pense que l’auteure prend comme un devoir de transmettre cette histoire car que serait-il arrivé si elles avaient survécu ? Et bien, elle nous le dit : « Mon père ne serait jamais né en décembre 1946. »(p.19). On peut comprendre qu’en quelque sorte Cloé Korman doit la vie à ses petites cousines.