Les exemples d'adaptation graphique de Lovecraft ne manquent pas, puisqu'en une poignée d'années, nous aurons eu une adaptation en manga avec les Chefs D'œuvres de Lovecraft, dessinés de la main experte de Gou Tanabe, ainsi qu'une version grand format plus moderne avec François Baranger.
Vous l'aurez compris, l'univers développé par le Maître de Providence est une source intarissable d'adaptation diverses et variées, donnant toujours du grain à moudre à de nouveaux artistes émergents. Derrière les horreurs cosmiques, il y a le plaisir de l'exercice stylistique, et l'envie d'expérimenter.
Mais s'il y a bien un nouvel artiste à suivre de près, dont les adaptations graphiques revêtent ici un intérêt différent d'un Tanabe ou d'un Breccia, c'est bel et bien Armel Gaulme et ses Carnets de Lovecraft réalisés au fusain. Ici, le travail d'adaptation est presque anthropologique en prenant la forme de carnets de bord s'insérant à merveille dans le procédé narratif des écrits de Lovecraft. Il délaisse ainsi les illustrations de créatures au profit d'éléments trop souvent annexés dans les récits lovecraftiens : l'environnement, l'architecture... Bref, le canevas où s'y déposent toutes les horreurs sortis de l'esprit d'un seul homme.
Après Dagon et La Cité Sans Nom, Armel Gaulme s'attaque aux Rats dans Les Murs, nouvelle écrite en 1923.
Les rats grouillent dans les murs, par centaines, dans une galopade infernale à travers la peinture et les briques. Ils investissent autant l'espace physique que mental d'un homme, descendant des De La Poer, famille réputée pour sa funeste histoire au sein de leur demeure ancestrale. En proie à la folie, il pressent que l'origine du mal se trouve dans une crypte, en dessous de sa demeure. Il n'y a donc pas d'autre alternatives que de descendre au cœur des ténèbres, quitte à en perdre la raison....
Une nouvelle fois, le travail graphique de Armel Gaulme se complémente à merveille avec la vision de l'horreur Lovecraftienne, surtout dans la perception verticale de cette nouvelle : en effet, la recherche du protagoniste écaille le vernis de la vérité concernant sa famille, et Gaulme illustre parfaitement cette plongée infernale dans une succession de croquis dévoilant l'infâme secret de sa demeure familiale.