Parce qu'écrire est, pour Luis Sepúlveda, une formidable résistance, meilleur moyen de contrer la lâcheté de la confortable amnésie, il relate dans ce livre, comme un devoir de mémoire, avec un style d'une belle sobriété et d'une grande séduction poétique, une série "d'histoires marginales" aux personnages tout aussi marginaux dans leur entêtement à ne pas renoncer à leurs convictions, malgré les préjugés, les dangers ou les persécutions.
Exilé de force puis nomade par choix, cet infatigable auteur-bourlingueur diffracte temporellement et géographiquement (Allemagne, Chili, Salvador, Espagne, Mozambique, Italie…) les morceaux de vie de ce livre, où la réalité surpasse la fiction, pour unir ses héros au sein d'une même détermination, fil conducteur de l'ensemble de ces histoires : le courage de dire non, d'agir ou d'être autrement et de s'y tenir. Parce que si désobéir ou résister est une décision personnelle, c'est au nom de l'humanité toute entière qu'on accepte d'en payer le prix.
Souvent humble mais extraordinaire, cette résistance dépeinte par Sepúlveda est aussi inouïe que les improbables roses rouge sang du désert d'Atacama, défiant les conditions extrêmes, illuminant l'aridité d'une terre désertée d'humanité. Ainsi, en honorant la dignité des personnages de ce livre, c'est à l'éthique humaine que Luis Sepúlveda rend hommage.
TANDIS QUE MOI QUATRE NUITS