« Les sirènes de Bagdad » est un roman d’une très grande force montrant un Khadra au sommet de son art.
Dans celui-ci, l’écrivain décrit en effet le parcours individuel d’un jeune homme du désert qui touché par les effets de bord de la brutalité de la guerre USA-Irak, s’engage alors par désir de vengeance dans le Jihad, avant de se raviser in extremis au seuil de commettre un attentat bactériologique d’envergure encore inédite.
A travers ce jeune homme qu’on devine assez proche ethniquement de lui, Khadra joue parfaitement son rôle de passeur/médiateur entre le monde occidental et arabe.
Tout en condamnant la brutalité des soldats américains envahisseurs (mais en réalité il n’existe pour moi aucun soldat particulièrement tendre en période de guerre), Khadra rappelle les horreurs du régime de Saddam Hussein et tente de rétablir un équilibre entre la culture arabe, aux richesses méconnues et celle réputée supérieure de l’Occident mais en réalité dévoyée par l’absence de spiritualité, l’individualisme et le pouvoir de l’argent.
Cette tentative se matérialise clairement lors du dialogue agité entre Jalal intellectuel déçu par les lumières de l’Occident et son ami écrivain Mohamed Seen, fidèle lui à une vision progressiste des choses.
Servi par une langue toujours d’une grande splendeur, « Les sirènes de Bagdad » se dévore d’une traite et constitue l’un des meilleurs romans non algériens du talentueux écrivain.
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