Les souris du docteur Ley par Charlotte21

Erich Loest fut jeune militant du NSDA et soldat nazi à la fin de la Seconde Guerre mondiale (il a 7 ans lors de l’arrivée d’Hitler au pouvoir). Il est capturé par les américains en 1945 et emprisonné quelques temps avant d’adhérer à la SED (parti communiste au pouvoir sous la RDA) en 1947, séduit par les idéaux communistes (il déchantera par la suite). Il devient alors écrivain et journaliste, et est bientôt considéré comme l'un des meilleurs chroniqueurs de la vie quotidienne sous la RDA. Mais ses critiques du régime lui valent d'être surveillé par la Stasi et ses écrits sont censurés.

Les souris du Dr Ley est une critique des comportements opportunistes de ses contemporains qui, ayant soutenus Hitler durant le temps où il fut au pouvoir, s'empressèrent après 45 de renier toute affinité à grand recours de “je ne savais pas” ou de “j’y était obligé”.

Au début des années 50, la fréquente publication en République
fédérale d’oeuvres d’anciens nazis et de leur chef me donna l’idée de
stigmatiser ce comportement.

Écrit Erich Loest dans la préface. La Stasi lui confisque ses manuscrits en 1957 et l’emprisonne durant sept ans. Encore sous surveillance à sa sortie, il ne peut publier son livre qu’en 1966 sous le pseudonyme de Hans Walldorf.

Les souris du Dr Ley est radicalement différent des autres livres traitant du point de vue des nazis. Le personnage n’est pas un bourreaux devant nous révéler la nature du mal, et l’auteur ne joue pas sur les sensations fortes en rajoutant du spectaculaire, du morbide ou du sexy pour satisfaire les attentes sadiques des lecteurs. Au contraire, l’accent est mis sur la vraisemblance historique, ce qui en soit est intéressant, mais aussi parfois ennuyeux (mis à part pour les derniers chapitres, qui sont les plus sympa à mes yeux).
On sent aussi combien l’auteur juge et méprise son personnage entre les lignes, ce qui est plutôt rigolo. L’humour est assez discret mais reste un point fort, par exemple avec le débat sur le téton nordique ou le running gag du passage sur le front (surtout n’oubliez pas de lire les notes de bas de pages, elles ont été mises là exprès par l’auteur et sont utiles à la bonne compréhension de l’histoire).