chronique martienne et parisienne

L'énergie fossile connaît aujourd'hui quelques soubresauts avec la montée (balbutiante) des énergies électriques avec notamment les voitures fonctionnant sur batterie. L'Union européenne va même plus loin en votant la fin de la production de voitures thermiques d'ici à 2035. Mais, par voie de conséquence des métaux rares comme le lithium ou le cobalt vont être un enjeu économico géopolitique dans les années à venir. Il y a un risque patent de sur exploitation dans des pays peu vertueux. Alors imaginez que dans de telles contrées on découvre un minerai qui permettrait de planer et non soumis à la gravité. Laurent Genefort l'a imaginé dans son dernier roman "les temps ultramodernes", paru chez albin michel dans la collection Imaginaire.

Jeune institutrice, Renée Manadier va sur Paris pour trouver un poste mais elle tombe sur Erloor, un martien blessé qu'elle prend sous son aile. Ce Paris d'après guerre a colonisé la planète rouge et a découverte la cavorite, ce minerai qui permet de faire voler des voitures et des paquebots dans le ciel et l'espace. Mais cette révolution a du plomb dans l'aile et il faut plus de minerai qui se fait rare et en plus avec un pouvoir limité dans le temps. Il en devient un enjeu géopolitique et suscite trafics et convoitise. A travers les personnages de Renée, Marthe, Georges ou encore l'inspecteur Peretti, dans ce monde des années folles, comment va-t-il évoluer sans ou avec peu de cavorite?

On ne présente plus Laurent Genefort, pilier de la SF française qui arrive dans la collection Imaginaire par la porte de l'uchronie steampunk et cela fait un bien fou! Ce livre est un pur régal de lecture tant par son propos que par sa construction et son style . L'auteur s'appuie sur la cavorite, imaginée par H.G Wells, et sa pénurie comme background d'une histoire à plusieurs têtes et personnages, dont les destins vont se croiser pour certains. Il réussit aussi avec une simplicité déconcertante à introduire par les martiens des questions critiques sur la colonisation, l'acculturation et l'asservissement. Il glisse aussi une dose de féminisme par l'entremise du personnage de Marthe, tour à tour scientifique puis journaliste, deux mondes où la femme avait difficilement voix au chapitre. Les temps ultramodernes est un roman passionnant, truffée de références qui ravira tous les lecteurs d'uchronie, de steampunk mais aussi celles et ceux qui ont envie d'ailleurs sans être assommés par le langage techno.