En bas des marches
Le titre complètement tarte mis à part (le titre original est Below stairs, en référence aux domestiques qui travaillaient en sous-sol), ce témoignage est une pure friandise dont je me suis régalé...
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le 5 avr. 2015
Le titre complètement tarte mis à part (le titre original est Below stairs, en référence aux domestiques qui travaillaient en sous-sol), ce témoignage est une pure friandise dont je me suis régalé sans même m'y attendre. Margaret Powell, née Langley, y fait le récit a priori véridique de sa vie de cuisinière anglaise au service de familles riches. Mais pas uniquement puisqu'elle fut d'abord une enfant pauvre mais heureuse dans une petite ville de la côte anglaise, puis, une fois entrée "en condition", fille de cuisine exploitée jusqu'à la moelle.
Ce livre est une bonne surprise à deux égards. Tout d'abord, il a le talent de plonger le lecteur dans le milieu dépaysant, déconcertant et plus vrai que nature de la société britannique du début du vingtième siècle, c'est à dire à une époque où les classes sociales avaient encore une importance primordiale et où il était de mise pour une famille bourgeoise ou aristocrate d'avoir une flopée de domestiques à son service. Le minimum était d'entretenir une femme de chambre, une femme de service et une cuisinière. A cela s'ajoutaient souvent une fille de cuisine, un valet, un chauffeur, un homme à tout faire, etc ... Il est étonnant de voir à quel point cela semblait répandu et combien les codes étaient à peu près les mêmes d'une famille à l'autre. Les conditions de travail (et de vie !) dépendaient uniquement de la personnalité, des habitudes et du bon vouloir des employeurs (et surtout de la maîtresse de maison) qui regardaient leur personnel de maison très souvent avec hauteur et un manque total d'empathie.
L'autre aspect enthousiasmant de ce récit est la fraicheur et l'humour de Margaret Powell, dont on sent bien qu'elle n'est pas un auteur professionnel et qu'elle s'exprime à l'écrit comme elle s'exprimerait à l'oral. Avec beaucoup d'esprit, de perspicacité et un sens pointu de la justice (et de l'injustice), elle cite un nombre incalculable d'anecdotes truculentes qui laissent le lecteur totalement ravi. Les dernières pages sont un peu moins intéressantes car elle arrête de travailler pour se marier, élever ses enfants et s'instruire (enfant, elle voulait devenir institutrice). L'instruction lui aura permis de livrer ce témoignage éloquent sur une société et une époque révolues. Il aura inspiré, il paraît, Downton Abbey à son créateur.
Créée
le 5 avr. 2015
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