On retrouve dans ce roman tout le talent de King : de l'humour, même dans les pires situations, un grand art du suspens (avec une utilisation très cinématographique du double, voire même du triple montage), une description très angoissante du monde (qu'il soit réel ou imaginaire) et surtout des portraits très fouillés de ses personnages.
Et, des personnages, il y en a. En plus de Roland, on en trouve trois autres (enfin, quatre, mais c'est trois quand même...). Ce sont eux ces trois cartes du titre, références au final du roman précédent.
D'abord, Le Prisonnier, un jeune junkie qui ramène de la dope aux USA. Puis, La Dame d'Ombre, une jeune noire schizophrène et handicapée. Enfin, La Mort, sous les traits du Pusher, Le Pousseur, un tueur en série qui aime pousser ses victimes sous différents véhicules.
Chaque personnage présente une énigme, mais aussi une partie de la personnalité de Roland lui-même. Car Roland est Prisonnier lui aussi, prisonnier de son passé et surtout de sa quête, drogué à la Tour Sombre.
Car Roland est La Mort incarnée, obligé de tuer parfois toutes les personnes autour de lui, de sacrifier jusqu'à ses amis.
Car Roland a aussi une part d'ombre : d'un côté, un homme galant, fin diplomate (ce qu'on découvrira mieux dans l'opus suivant); de l'autre, un tueur qui n'hésite pas à massacrer toute une ville. Cette schizophrénie va s'accentuer dans le troisième roman, où Roland est vraiment menacé par la folie.
Et, qui sait si le symbole ne va pas plus loin ? Qui sait si ce monde mystérieux n'est pas une représentation de l'Amérique elle-même, une Amérique violente, individualiste et parfois schizophrène (après tout, c'est le même pays qui traite bien Odetta dans le Nord et qui la tabasse dans le Sud). Un pays en pleine désagrégation. Et où les hommes sont confrontés aux interminables paysages et à la force de la nature.
Je suis bien forcé d'avouer que, dans la deuxième partie (La Dame d'Ombre), je me suis un peu ennuyé. Mais l'auteur parvient quand même à développer son talent habituel : placer les personnages au centre de ses œuvres.
SanFelice
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le 18 avr. 2012

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