"Par endroits apparaissait une misérable petite maison sans toit, envahie de broussailles drues qui avaient poussé depuis la dernière guerre (Bosnie). Les murs noircis portaient encore la signature des destructeurs, des symboles, des noms d'unités, juste histoire de se vanter. Les misérables avaient fait sauter des misérables et les misérables étaient devenus encore plus misérables."
J'ai assez peu de goût pour le roman contemporain que je trouve la plupart du temps mièvre et sans consistance. Avec une tendance marquée au nombrilisme, au repli sur sa petite sphère subjective avec tout ce que cela peut comporter d'affligeant et de mesquin. Je fais référence ici principalement à la production française du genre. Si bien que quand l'on tombe sur le livre d'un auteur qui a quelque chose à dire sur la réalité du monde contemporain, sur sa terrible médiocrité et sur les causes de cet état des choses, on s'en surprendrait presque. D'autant que Robert Perišić (d'origine croate pour sa part) ne s'extrait pas de la catastrophe et est parfaitement conscient qu'il est lui-même plongé dans cette misère partagée. Un livre à la fois lucide, intelligent mais non dépourvu de sensibilité et même d'humour. Avec un récit éclairant sur les arrière-plans qui régissent notre néo-société en ses différentes strates.
De cet ouvrage a été tiré une mini-série (encore disponible sur Arte à cette date), "The Last Socialist Artefact", qui mérite l’intérêt, même si elle restreint de manière importante le champ d'investigation du livre.
" Trouver la beauté sans avoir l'impression de regarder dans une vitrine, c'est devenu quasiment impossible aujourd'hui, et c'est ce qui donne à la vie ce goût répugnant."