Blues lorrain
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Est-on condamné à mener l'existence de nos parents ? Peut-on conjurer le sort et lever la malédiction, quitte à prendre des chemins de traverse ? Ses pères, ouvriers au chômage qui rabâchent la mémoire ouvrière et donnent à ceux qui ne l'ont pas vécu le sentiment d'être passés à côté de l'essentiel. Ses pères immigrés, « suspendus entre deux rives, mal payés, mal considérés, déracinés, sans héritage à transmettre. » Ses mères qui « finissaient toutes effondrées et à moitié bonniches, à ne rien faire qu'assurer la persistance d'une progéniture vouée aux mêmes joies, aux mêmes maux »
Anthony, Hacine, Clem', Steph', enfants d'ouvriers, d'immigrés, de petits-bourgeois dans une Lorraine sinistrée depuis la fermeture des hauts fourneaux, ne se résignent pas à ces vies qui leur sont promises en héritage. Années 90. Ils ont 14, 16, 18, 20 ans au fil de quatre étés qui nous font plonger dans leur être le plus profond, leurs émois, leurs rêves, leurs fantasmes d'adolescents puis de jeunes adultes.
Ce roman nous parle de l'incandescence de la jeunesse L'intensité , la précision, la crudité de la langue permettent à l'auteur de faire jaillir des personnages tous très attachants. La vie pulse en eux et on ressent chacune de ses pulsations.
C'est le roman d'une génération ; celle qui avait une vingtaine d'années en 98 ; mais c'est avant tout une une chronique sociale, politique même lorsqu'il fait écho à la colère de ceux qui se découvrent coincés comme l'ont été leurs parents dans la précarité ou la sclérose intellectuelle.
Nicolas Mathieu dresse là une carte des territoires de l'immobilité sociale, de la France des périphéries avec une rare justesse.
Pourtant on y tombe jamais dans le pathos, car le roman est traversé par des lueurs d'espoir qui éclairent tout.
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Créée
le 11 août 2023
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