Parcours de treize à quarante ans d'un des fondateurs de la Communion Béthanie, "communion d'alliance contemplative et de prière, au service des personnes et transgenres, en lien avec des monastères, signal de l'Eglise, signe de l'Eglise".

Pour qui naît homo dans une Eglise chrétienne, les trajets sont courbes, tranchants comme le désert, semés de rasoirs dispersés dans la faussetés de sourires sans réel amour, noyés du bavardage de défense voire de haine dont s'entourent bien trop les croyants que la foi réelle n'a jamais, ou trop peu, touchés (la foi, cette "gratuité d'amour que nous offre le Seigneur").

Le témoignage de Dunand est touchant dans la résolution dont l'auteur fait preuve au cours d'années difficiles, fil parfois minuscule qui le mène par les vases délétères jusqu'au calme des estuaires - là où se rencontre enfin, enfin dans l'incarné plus que dans le désir d'avant les maturations, la nature inconditionnelle de l'accueil et de l'amour dont il se fait ici le témoin tout autant que, je veux le croire, l'agent.

Oui, ce témoignage est touchant, pour qui pleure la Crucifixion, renouvelée par les Eglises même dans cette confusion du spirituel et de la moralité publique qu'on voit presque systématiquement de faire jour quand une parole indigne sur l'homosexualité est prononcée dans l'espace publique par quelque nonce apostolique.

Touchant enfin, puisque mon propre trajet, spirituel peut-être et athée sans doute, a dû faire face à cette confusion-là, dans un tout autre champ et sous d'autres latitudes culturelles, cette confusion que nous recevons en legs intériorisé de 1800 ans d'histoire catholique. Qu'on ne se méprenne pourtant pas : il n'y a confusion que parce qu'il y a aussi dans l'histoire du christianisme un fond de vérité, une incarnation possible et avérée de la plus haute humanité ; nul procès ici aux errements de notre civilisation.

Tout homo croyant pourra trouver profit à ce bouquin là, surtout s'il cherche une terre d'accueil à même de renouer ce que l'Eglise a pu délier au lieu même de l'amour - la grande discorde qu'elle y promeut, en cela diabolica.


Un mien ami s'était entendu dire cette très belle chose par une moniale : "faire pénitence, c'est remettre de l'amour là pù il n'y en a pas eu assez." Ceci petit livre nous offre à son tour ceci, de Dieu : "Celui dont l'amour n'a pas d'absence". Qui que vous soyez, il Vous aime. Dans un langage que je comprends mieux : qui que vous soyez, vous êtes Cet amour là. Totalement. Pleinement.

Je crois ce bouquin écrit sous ce signe-là. Et que Dieu existe ou non - ce qui est le cadet de Ses soucis - cela, à mon sens, valait la peine d'en parler.
Kliban
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le 3 avr. 2011

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