L’auteure : Née en 1988, Samantha Bailly est une auteure française qui publie son premier livre alors qu’elle a tout juste vingt ans. Ses romans, comme Ce qui nous lie ou Les Stagiaires, rencontrent un réel succès auprès du public. En juillet 2014, elle sort Lignes de vie, un court récit épistolaire.
Le livre : À Caen, en 2009, Antoine envoie un courrier à une inconnue. Il a été pris d’une envie de communiquer, mais il préfère la chaleur de l’écrit et du papier à l’anonymat d’Internet. Du coup, il dépose sa missive dans une boîte aux lettres d’une rue de Caen, chez une personne dont il ignore tout. Il laisse à tout hasard son adresse, au cas où son destinataire souhaiterait lui répondre. C’est ainsi que cet étrange courrier se retrouve entre les mains de Gabrielle. Commence une longue correspondance qui va prendre une grande place dans leur vie.
Mon avis : L’histoire est relativement originale, puisque nous sommes en présence d’un ouvrage épistolaire dans lesquels les deux protagonistes apprennent à se découvrir au fil de leurs échanges. Antoine prétend avoir choisi sa boîte aux lettres à elle, car il aime la rue de Gabrielle, proche du jardin des Plantes de Caen. Ils vont tout d’abord parler de tout et de rien, puis se confier petit à petit l’un à l’autre, apprendre à se connaître, et développer une forme d’amitié. Cependant, ils préféreront garder tout cela pour eux, ces échanges seront leur jardin secret. Le fait de ne pas se voir leur permet de partager sans avoir à affronter le regard de l’autre ce qu’ils ont sur le cœur : la trahison d’un amant, la perte d’un être cher… Ils peuvent se confier sans crainte de quoi que ce soit. Assez rapidement, Antoine lui dit avoir besoin de partager ses pensées profondes avec une personne totalement extérieure, inconnue, dotée de la capacité de répondre.
Antoine, vingt-sept ans, est journaliste. Il travaille à la pige, et a pour habitude de couvrir des faits divers. Il voit peu Rose, sa petite amie, professeure d’histoire-géographie, car leurs emplois du temps sont peu compatibles. Au fur et à mesure que l’intrigue progresse, il va se rendre compte que leur relation est de moins en moins source d’épanouissement. Quant à Gabrielle, elle a vingt et un ans et est en troisième année de fac de psychologie. Elle confie à Antoine qu’elle passe bien trop de temps avec Thomas, son petit ami, qui fait les mêmes études qu’elle. Elle met en avant le paradoxe de son couple, car ils se voient beaucoup, mais communiquent peu. À la réception de la première lettre, Gabrielle trouve l’attitude d’Antoine malsaine et menace d’en avertir la police, mais il va lui répondre, et une sincère amitié va naître entre ces deux individus. Il y a une sorte de jeu de chat et de la souris entre ces deux personnages, puisqu’Antoine dépose ses missives directement dans la boîte aux lettres de Gabrielle, mais ils ne semblent pas décidés à se rencontrer en chair et en os… à moins qu’elle ne se décide à faire le premier pas !
Lignes de vie est un livre doux comme un bonbon ; le lecteur prend plaisir à savourer ces quelques pages de détente, dans lesquelles Samantha Bailly met en évidence l’absurdité de la communication. Ils partagent leurs doutes personnels comme professionnels, se confient quant à leurs chagrins, s’aident mutuellement à se relever des obstacles que la vie dresse sur leur chemin. Le tout est porté par une plume fluide et agréable, sans être pour autant simpliste. Elle insiste sur la complexité d’une telle relation, qui sort de l’ordinaire et qui ne peut être comprise que par eux deux. C’est pour eux source de réconfort, mais cela leur vaudra aussi quelques ennuis. La fin du roman est touchante, bien qu’assez conventionnelle, et je me doutais de la conclusion de ce récit avant même d’en prendre connaissance. Cependant, peu importe : le but n’est pas ici d’étonner le lecteur avec un suspense qui monte crescendo, mais de lui raconter une jolie histoire qui lui fera passer un bon moment. C’est mission réussie.
À recommander : À ceux qui ont envie d’un peu de douceur.
Une citation : « J’ai envie de faire quelque chose qui sort de l’ordinaire. De vous écrire. Nous ne nous connaissons pas, et nous ne nous rencontrerons sans doute jamais. Nous habitons simplement dans la même ville, sous le même ciel. Quand la pluie crépite sur le toit ou coule le long des fenêtres, je sais que nous voyons et entendons la même chose, et c’est là bien suffisant. » (1 %)
Ma chronique : https://loasislivresque.wordpress.com/2016/08/13/lignes-de-vie-samantha-bailly/