C’était l’un des premiers romans les plus attendus de la rentrée littéraire 2019. Alexis Michalik, le prodige du théâtre français couronné à de multiples reprises pour l’inévitable Edmond depuis adapté au cinéma, débarque dans les librairies avec Loin publié chez Albin Michel. Un succès d’ampleur, à la hauteur des attentes ? Pas sûr…
La bande-annonce
Tout commence par quelques mots griffonnés au dos d’une carte postale : « Je pense à vous, je vous aime ». Ils sont signés de Charles, le père d’Antoine, parti vingt ans plus tôt sans laisser d’adresse. Avec son meilleur ami, Laurent, apprenti journaliste, et Anna, sa jeune sœur complètement déjantée, Antoine part sur les traces de ce père fantôme. C’est l’affaire d’une semaine, pense-t-il… De l’ex-Allemagne de l’Est à la Turquie d’Atatürk, de la Géorgie de Staline à l’Autriche nazie, de rebondissements en coups de théâtre, les voici partis pour un road movie généalogique et chaotique à la recherche de leurs origines insoupçonnées.
Alexis Michalik a décidément le goût de l’aventure : après le succès phénoménal d’Edmond, le comédien, metteur en scène et dramaturge couronné par cinq Molières, nous embarque à bord d’un premier roman virevoltant, drôle et exaltant.
L’avis de Lettres it be
Passer de l’écriture pour les planches à l’écriture pour les librairies, un pari aisé ? Nous étions en droit de le penser à en croire les premières chroniques, dithyrambiques, sorties sur Loin, le premier roman d’Alexis Michalik. Alors, forcément, nous avons tenté l’aventure du côté de chez Lettres it be. Et quelle aventure…
Un frère, une sœur, pléthore d’autres personnages, des frontières, encore des frontières. Parfois, il y a une voiture volée et des flics. Le tout au beau milieu des continents et des pays. Mais aussi et surtout, il y a la quête structurante du père abandonnant. Voilà, voilà…
De toute évidence, le cocktail aurait pu prendre. De toute évidence, et avec le talent qu’on lui connaît, Alexis Michalik aurait pu souffler un vent frais et inventif sur son premier roman. De vent, il n’y aura eu que celui de l’ennui et de la torpeur : comment faire si plat, si mou, en autant de pages et avec autant d’ambition ?
Malheureusement, ce Guide du routard qui s’habille en grand roman ne fait jamais mouche. Dès les premières pages, on a compris le ton. Et on attend le rebond, on attend encore et encore, on suit les voyages, les questionnements et les débuts de preuve. Mais rien ne vient. Le père abandonnant vient de tel pays, puis d’un autre, puis d’un autre, mais finalement d’un autre. Malheureusement, on a fermé le livre avant la fin, une grosse centaine de pages plus tôt. Cela avec la désagréable sensation de n’avoir rien raté, sauf l’occasion de lire un autre livre à la place.
En préambule de son premier roman, Alexis Michalik prend 10 pages pour nous expliquer que nous sommes le fruit d’une histoire mêlée, de voyages divers et de pérégrinations de toutes sortes. C’est fin comme du Lilian Thuram. Et cette quête du « Tous d’ici, tous de nulle part » est au cœur de Loin. Insistant, Alexis Michalik le certifie : nous venons de loin pour aller nulle part. Précisément comme son premier roman…
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