Cette critique contient des spoils, mais pas de ce livre.
Je m'explique : Los Angeles River est la suite du Poète, un des romans qui ont assuré le succès de Connelly. A un moindre niveau, c'est également la suite de Créance de sang, mais ça gène moins.
En tout cas, dès la seconde page de Los Angeles River, on nous rappelle l'identité du tueur du Poète. Donc, si vous n'avez pas lu celui-ci, vous vous prendrez d'emblée un spoil en pleine face.
Et, même si je vais limiter au maximum les révélations qui gâcheraient la lecture du Poète, il y a quand même des détails que je ne pourrais pas éviter.
Au passage, j'en profite pour dire que j'apprécie beaucoup cette interconnection des romans de l'auteur. Los Angeles River contient des rappels, de près ou de loin, d'une dizaine d'autres romans de Connelly. cela crée une sorte de réseau densifié assez sympa.

Ceci dit, il faut préciser que Los Angeles River est très nettement supérieur au Poète. D'abord sur le rythme : ce roman est bien plus rapide, sans le moindre temps mort. Connelly reprend un des procédés du Poète (le changement de narrateur : narrateur à la 1ère personne quand Harry Bosch raconte l'histoire, narrateur à la 3ème personne quand l'auteur se focalise sur Rachel Walling ou sur le Poète) mais l'utilisation qu'il en fait est bien meilleure.
Le roman commence peu après la mort de Terry McCaleb. Vous le connaissez sûrement : c'est le personnage interprété par Eastwood dans Créance de sang. La veuve va voir Harry Bosch, policier du LAPD à la retraite et un des nombreux personnages récurrents de Connelly. Ele soupçonne un meurtre là où la police n'a vu qu'une banale crise cardiaque six ans après la greffe du coeur.
En parallèle, l'agent du FBI Rachel Walling, sanctionnée par une mutation forcée dans le Dakota du Sud, reçoit un coup de téléphone. Le Poète, officiellement déclaré mort quelques années plus tôt, serait de retour et semble l'attendre.
On ne doute pas un instant que les deux histoires vont se rejoindre, comme Walling et Bosch se rejoindront dans le lit d'un motel minable de Las Vegas.
Chapitres courts, action permanente, énigmes et surtout suprématie d'un tueur en série qui a toujours une dizaine de coups d'avance. Il y a bien quelques défauts encore (l'intuition de Bosch, qui vient toujours au moment où l'enquête semble être dans l'impasse : en voilà, un procédé facile) mais les personnages sont bons, les événements s'enchainent bien.
Après, il faut bien comprendre que le but, ici, n'est pas de savoir qui est l'assassin, mais de comprendre son jeu. Une partie d'échecs qui ne fonctionne que si l'auteur parvient à créer un criminel assez intelligent et sadique. C'est le cas ici.
Il y a toujours la grande connaissance de Connelly, qui semble tout savoir des techniques de la police et du FBI. L'ancien journaliste du LA Times (il fait d'ailleurs, dans le roman, une petite publicité pour son ancien journaliste) sait mettre son savoir au profit du suspense. Car ici, il ne se perd pas dans les méandres que j'ai pu trouver dans d'autres romans. Il va droit à l'essentiel.
Cela nous donne donc un de ces romans policiers dont on se dit qu'il est impossible d'en sortir. Un de ces romans qu'on dévore littéralement en deux jours.
Ce n'est que le 3ème Connelly que je lise, mais c'est la première fois où je me dis que sa réputation dithyrambique n'est pas usurpée.
SanFelice
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes 2014 : lectures américaines et 2014 : lectures modernes ou contemporaines

Créée

le 7 avr. 2014

Critique lue 1.1K fois

11 j'aime

3 commentaires

SanFelice

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

11
3

D'autres avis sur Los Angeles River

Los Angeles River
François_CONSTANT
9

Critique de Los Angeles River par François CONSTANT

Michael CONNELY signe, avec 'Los Angeles river' un roman d'excellente facture. Harry Bosch, ex-inspecteur du LAPD reprend du service à la demande de la veuve de l'inspecteur Terry Mc Caleb dont on...

le 23 avr. 2017

1 j'aime

Los Angeles River
rivax
7

Epilogue au poète

Bon, alors le poète n'est pas mort en fait et dans cet opus Connelly, qui aime bien faire se croiser les héros de sa famille de papier, fait cohabiter les personnages de la série Bosch avec ceux du...

le 24 mai 2011

1 j'aime

Du même critique

Starship Troopers
SanFelice
7

La mère de toutes les guerres

Quand on voit ce film de nos jours, après le 11 septembre et après les mensonges justifiant l'intervention en Irak, on se dit que Verhoeven a très bien cerné l'idéologie américaine. L'histoire n'a...

le 8 nov. 2012

257 j'aime

50

Gravity
SanFelice
5

L'ultime front tiède

Au moment de noter Gravity, me voilà bien embêté. Il y a dans ce film de fort bons aspects, mais aussi de forts mauvais. Pour faire simple, autant le début est très beau, autant la fin est ridicule...

le 2 janv. 2014

221 j'aime

20

La Ferme des animaux
SanFelice
8

"Certains sont plus égaux que d'autres"

La Ferme des Animaux, tout le monde le sait, est un texte politique. Une attaque en règle contre l'URSS stalinienne. Et s'il y avait besoin d'une preuve de son efficacité, le manuscrit ne trouvera...

le 29 janv. 2014

220 j'aime

12