Lire ce récit de Mika Etchebéhère sur la guerre d'Espagne telle qu'elle l'a vécu en ces années 1936, 1937, 1938, c'est se confronter à une expérience dont nous avons été totalement dépossédés, nous-autres pauvres néo-citoyens de ce début de XXIème siècle. En ces temps où le combat avec les armes pour ses idées et l'usage même de la violence sont devenus privilège exclusif de l'État et de sa police, nous ressentons comme une sorte de malaise (un euphémisme) devant l'impuissance à laquelle nous avons été réduits. Après tout, il faut pourtant bien constater que nous ne sommes pas les héritiers de la victoire de ces combattants héroïques qui ont tout risqué pour un monde meilleur mais ceux de leur défaite; et que ce monde qu'ils espéraient n'est certainement pas le notre. Diable, mais qu'est-ce à dire alors, quel sens donner à notre admiration pour Mika et ses compagnons d'armes du fond de notre domestication pacifiée ? Oui oui, c'était une autre époque et d'autres gens sans doute, armés d'autres caractères probablement. Mais quelle sorte de gens sommes-nous alors et que nous reste-t-il en terme de "caractère" ...
Serions-nous si démunis qu'en matière d’héroïsme, nous nous contentons de contempler celui que met en scène à notre intention le cinéma; ou encore de comptabiliser les victoires obtenues dans tous ces jeux vidéo aimablement proposés à notre attention. En fait, serions-nous devenus les simples spectateurs d'une vie et d'un monde qui nous échappent au grand galop. Non, je n'ose le croire; tout cela relève certainement d'un malentendu, d'une erreur, d'une inexplicable confusion ...