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Le texte :
Macha vit dans un monde post-apocalyptique, dans l’ère de la douceur. Tout y est amour, harmonie et bien-être. Pourtant, trois jeunes vont partir à la rencontre de Macha pour qu’elle leur raconte le temps d’avant…
On ne peut pas parler de nostalgie, ni chez Jérôme Leroy ni dans ses personnages. Mais il y a une vraie volonté de se souvenir d’un passé qui n’est autre que notre présent et de proposer une vision apaisée du futur. Cette vision passe évidemment par un grand chambardement sur lequel Jérôme Leroy ne s’attarde pas, là n’est pas son propose.
L’utopie dans laquelle il se place ne peut se comprendre et se concevoir que par opposition au passé que peu de jeunes n’ont pas connu. Il est donc primordial pour eux de se souvenir du « pourquoi » tout est arrivé plutôt que du « comment » afin d’éviter que l’histoire ne retombe dans ses travers et ne revive ses cycles précédents.
La grande force de Jérôme Leroy est d’arriver à ses fins sans devoir faire preuve d’une anticipation abérrante. Il lui suffit d’apporter quelques modifications infimes mais essentielles au monde pour qu’il prenne une couleur apaisée et pas trop éloignée d’une réalité, si ce n’est ancrée dedans, plausible.
On revit alors avec Macha les événements globaux qui ont amené la société vers la rupture et le changement aussi bien que les faits personnels qui ont construits Macha et l’ont amenée là où elle est au début du roman.
Les livres édités par Syros s’adressent avant tout à un public adolescent, en tout cas pour celui-ci (à partir de 13-14 ans), en proposant des visions d’auteurs adultes destinés à des esprits jeunes, encore critiques, il faut à tout le moins l’espérer, dans le but, si ce n’est avéré en tout cas évident, de leur ouvrir des perspectives et de leur offrir, à eux d’en faire ce qu’ils veulent, des clefs de compréhension de la société.
Jérôme Leroy, dont je n’ai pas encore lu de roman « adultes », pour le fréquenter sur un célèbre réseau social, ne fait pas secret de son positionnement par rapport aux problèmes de société actuels. Il parvient sans problème, dans le cadre offert par son éditeur, à nuancer, non pas ses idées, mais la façon qu’il a des les présenter en se mettant parfaitement au niveau de son lectorat. La démonstration n’en est que plus édifiante !
Ajoutons à cela qu’il parvient à créer des personnages parfaitement crédibles, des plus importants aux plus secondaires, particulièrement fouillés et aux caractères profonds, sans jamais tomber dans la caricature diffamatoire. Jérôme Leroy observe et restitue ce qu’il voit et ce qu’il ressent avec brio.
C'est à travers ces personnages, représentatifs sans être, au risque de me répéter, caricaturaux, que Jérôme Leroy arrive à dresser le bilan de notre société actuelle : dérives fascisantes et sécuritaires, crise identitaire, perte ou déliquescence du sens moral et de la justice, politisation outrancière du débat, déshumanisation... autant de thèmes abordés par l'auteur qui fait réfléchir grands et moins grands.
Et puis il y a dans le roman de Jérôme Leroy cette idée qui semble folle qui flotte et parcourt les pages comme une petite musique qui finit par rentrer : Jérôme Leroy y fait un éloge bienvenu de la simplicité dans ce qu’elle apporte de sérénité et oblige à aller à l’essentiel. Si Jérôme Leroy porte un regard sombre et pessimiste sur notre présent, son idée de l'avenir est plutôt radieuse : pourvu que l'être humain lui donne un jour raison.