C'est un objet presque insignifiant: 142 pages, 164 grammes, une page de garde blanche agrémentée d'une photo couleur représentant un papillon sans beauté posé sur un barbelé.
Et pourtant ce livre, ce témoignage pèse lourd, il est dense de ces mots si simples mais qui accompagnent sans concessions un témoignage plein de vérité crue et de non-dits bouleversants.
Zhang Yihe, en fille de dissident, en tant qu'intellectuelle, ne pouvait pas vraiment échapper au camps de redressement par le travail, d'autant plus qu'elle est aussi une spécialiste mondialement reconnue de l'opéra traditionnel chinois, de quoi faire de l'ombre à la femme de Mao. Elle passera donc dix belles années en prison pour ses "crimes".
Elle y rencontre Madame Liu, paysanne sans éducation au charme presque européen, pleine de mystères et de joie de vivre malgré...tout.
L'auteure va nous raconter ce qui l'a amenée à 30 ans de camps de redressement Nous basculons dans l'horreur sans avertissement.
L'auteure va nous raconter la vie du camps, de Madame Liu, ses espoirs, ses craintes et surtout ce qui va l'amener, malgré la réduction de sa peine à choisir de finir sa vie au camps en tant que "travailleuse libre".
Zhang Yihe va conclure en s'interrogeant sur l'expiation le châtiment et les ravages d'un crime hors norme.
C'est dur et c'est beau à lire.