Bon. Il faut qu’on en parle. Parce que Mains de glace n’est pas juste un polar bien ficelé. Non, non, non. C’est un piège. Un engrenage froid et implacable qui te happe dès la première page et te recracherait presque exsangue à la dernière. Patrice Guirao ne fait pas dans la dentelle, il tisse un labyrinthe d’enquête et d’angoisse où chaque détour est plus glaçant que le précédent.
Imagine Boston, en hiver. Pas juste le froid qui te pique le bout des doigts, non, un froid qui s’infiltre partout. Dans les rues, dans les non-dits, dans le regard des personnages. Tout commence par un cadavre mutilé, et très vite, c’est l’effet boule de neige (sans mauvais jeu de mots) : suicides en série, secte énigmatique, secrets de famille… Impossible de rester au chaud sous sa couette avec un tel chaos en cours.
Dan McKee et Jade Disalvo, les deux flics en charge, sont loin des stéréotypes du genre. Lui, un père déchiré par la secte qui lui a volé sa fille. Elle, impulsive et instinctive, mais diablement perspicace. Le duo fonctionne à merveille, un savant équilibre entre force et faille humaine. Parce que oui, ce thriller ne se contente pas d’aligner les morts et les fausses pistes : il creuse. Dans la tête de ses personnages. Dans ce qui nous rend humains.
Patrice Guirao, lui, s’amuse. Courts chapitres, changements de points de vue, suspense à gogo… On tourne les pages comme un accro en manque de réponses. Et la réponse, elle n’arrive qu’au bout. Avec une révélation qui te laisse, là, interdit, à remettre en question tout ce que tu croyais avoir compris.
Et puis il y a Boston. Froid, brutal, étouffant. Guirao abandonne le soleil polynésien pour une ville où la nuit semble dévorer les âmes. C’est pesant, c’est magistral.
Alors voilà. Mains de glace, c’est un thriller qui ne se contente pas de raconter une enquête. C’est un coup de poing, un frisson qui te reste collé à la peau bien après avoir refermé le livre. Attention, vous entrez en terrain glissant.