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Du devenir des diligences en milieux précaires

Sont justes exposées ici, parfois assez maladroitement, quelquefois fort pertinemment, les lois du marché désormais totalement mondialisé. Et principalement, pour ce qui concerne la très grande majorité de la population, la nécessité de trouver un travail salarié pour assurer sa survie.
Dans un monde où, effectivement, " la vente de la marchandise-force de travail est assurée d'avoir autant de succès qu'en a eu la vente de diligence au XXème siècle." alors que dans le même temps, "celui qui ne peut pas vendre sa force de travail est "superflu" et se trouve jeté à la décharge sociale."
Et donc : "Si, à l’avenir, les exclus ne veulent pas vivre de charité chrétienne et d’eau fraîche, ils devront accepter n’importe quel sale boulot, n’importe quel travail d’esclave, ou n’importe quel " contrat de réinsertion ", si absurde soit-il, pour prouver leur inconditionnelle disponibilité au travail."
avec aussi une explication de ce que nous voyons à l’œuvre sous nos yeux :
"Une société centrée sur l’abstraction irrationnelle du travail développe nécessairement une tendance à l’apartheid social, dès lors que la vente réussie de la marchandise-force de travail, de règle devient exception. Depuis longtemps, toutes les fractions du camp du travail, qui englobe tous les partis, ont subrepticement accepté cette logique et poussent elles-mêmes à la roue. Elles ne s’affrontent plus pour savoir si une part toujours plus grande de la population sera ou non laissée sur le bord de la route et exclue de cette participation sociale, mais seulement comment faire passer, bon gré mal gré, cette sélection. "
"La transformation idéologique du " travail devenu rare " en premier droit du citoyen exclut par le fait même tous ceux qui n’ont pas le bon passeport. La logique de la sélection sociale n’est pas mise en cause, mais simplement définie d’une autre manière : les critères ethniques et nationalistes sont censés désamorcer la lutte pour la survie individuelle. " Les turbins nationaux aux nationaux ", crie la vox populi qui, dans l’amour pervers du travail, retrouve encore une fois le chemin de la Nation. C’est l’option du populisme de droite, et il ne s’en cache pas. Sa critique de la société de concurrence ne vise qu’au nettoyage ethnique des zones de richesse capitaliste qui se réduisent comme peau de chagrin. "
On comprend beaucoup mieux alors l’intérêt, pour la domination spectaculaire-marchande et ses nombreux porte-voix médiatiques, de nous inventer une "guerre des civilisations".
Rien de tel en effet, devant le risque grandissant d'une révolte des pauvres toujours plus nombreux et toujours plus acculés à la précarité et à une vie sans aucunes perspectives, que de les opposer selon des catégories qui leur font oublier leur réalité commune d'esclaves du marché : catégorisations ethniques, culturelles, religieuses, nationalistes et communautaristes.
Diviser pour pouvoir continuer à régner, c'est plus que jamais le mot d'ordre de la domination.
On notera que la haine que provoque cet ouvrage chez les promoteurs du règne de l'économie politique, déguisés en gentils "libéraux", confirme qu'il vise juste et met le doigt là où cela fait mal dans leurs constructions fantasmagoriques.

steka

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