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En dehors de toutes considérations politiques, c’est remarquable de voir à quel point « Le Manifeste du Parti Communiste » de Karl Marx et Friedrich Engels est encore d’actualité aujourd’hui et...
le 21 juin 2014
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Je le dis tout de suite: je ne suis pas, mais alors pas du tout communiste, pour preuve, l'explication exclusive du monde selon la lutte des classes m'a toujours irritée.
Voici un ouvrage particulièrement desservi par son titre: on s'attendrait à y trouver la défense d'un quelconque parti politique, du communisme moderne, de Laguillier à Besancenot, ou un plaidoyer idéologique.
Or, ce qu'on y trouve, c'est une analyse économique très fine, étonnamment actuelle, de la société de consommation (oui oui, vous avez bien entendu, de la société de consommation !), analyse surprenamment moderne et même carrément prophétique !
Dans cette critique, je m'intéresse surtout à la première partie du livre (très court, seulement 50 petites pages!), l'analyse des causes, je laisse l'analyse des solutions de côté, il me faudrait au moins 4 pages pour en faire la critique, et parce que sur les solutions proposées, on peut ne pas être d'accord (heureusement), mais l'analyse des causes est tout bonnement excellente.
-- Marx démontre comment la société était bien plus équitable sous le régime féodal, qu'elle ne l'est depuis la fin de la féodalité, car, au Moyen-âge, contrairement à toutes les conneries qu'on entend tout le temps, les artisans et travailleurs manuels étaient protégés par des corporations. Selon Marx, c'est la bourgeoisie qui a voulu la fin des corporations, pour pouvoir mieux exploiter ces travailleurs.
(entre parenthèse, et ça c'est pas du tout dans le livre, mais les serfs, c'est pas du tout le cliché auquel on pense, les choses sont plus complexes.)
Mondialisation: condition du capitalisme sauvage
La grande industrie a créé le marché mondial, préparé par la découverte de l'Amérique.
Le marché mondial a accéléré prodigieusement le développement du commerce, de la navigation,
des voies de communication.
Ce développement a réagi en retour sur l'extension de l'industrie;
et, au fur et à mesure que l'industrie, le commerce, la navigation, les chemins de fer
se développaient [méthodes de communication],
la bourgeoisie [le capitalisme] se développait décuplant ses capitaux
et refoulant à l'arrière-plan les classes léguées par le moyen-âge.
Colonisation: plus de consommateurs!
Marx montre que la bourgeoisie (on dirait maintenant les capitalistes), ont tout intérêt à créer de nouveaux besoin sans cesse, pour pousser à la consommation (si c'est pas étonnamment moderne, ça). Elle a aussi tout intérêt à rendre les pays moins autonomes économiquement et même politiquement (tiens, ça me rappelle des choses), pour les rendre plus dépendants de l'économie, et étendre les nouveaux besoins à des biens exotiques, dont on se passait fort bien avant (si c'est pas étonnamment moderne, ça)
Elle a aussi besoin de coloniser, pour faire entrer dans le marché de nouveaux peuples, et leur imposer ses modes de gouvernance.
Création du salariat: l'employé devient une marchandise comme une autre.
Le marché du travail obéit à la loi de l'offre et de la demande, les salaires peuvent ainsi être l'objet de la spéculation, comme toute marchandise... Ce qui est un fait nouveau par rapport à la société traditionnelle.
Le salariat repose exclusivement sur la concurrence des ouvriers [salariés] entre eux.
Ce qui nous attend dans l'avenir: Robotisation = Encore plus de division du travail. Ou la seconde révolution fordiste
Le développement du machinisme et la division du travail,
en faisant perdre au travail de l'ouvrier tout caractère d'autonomie,
lui ont fait perdre tout attrait.
L'ouvrier devient un simple accessoire de la machine,
dont on n’exige que l'opération la plus simple, la plus monotone, la
plus vite apprise.
[et plus il y a de biens de consommations]
(...) Ce despotisme est d'autant plus mesquin (...)
qu'il proclame plus ouvertement le profit comme étant son but
suprême.
[Perversion qu'elle essaye de "refourguer" ensuite à l'ensemble de la société]
[note: par rapport à la société traditionnelle où l'artisan travaillait certes pour nourrir sa famille, mais il travaillait aussi pour l'honneur de sa maison et du travail bien fait. Si le capitalisme avait existé à l'époque de l'Ancien Régime, il n'y aurait jamais eu de manufacture de Sèvres, on aurait fait de la mauvaise qualité à bas coût.]
Le capitalisme a intérêt a effacer les différences entre les sexes.
Moins le travail manuel exige d'habileté et de force, c'est-à-dire
plus l'industrie moderne se développe, et plus le travail des hommes
est supplanté par celui des femmes (...) Les différences d'âge et de
sexe n'ont plus de valeur sociale pour la classe ouvrière. Il n'y a
plus que des instruments de travail dont le coût varie suivant l'âge
et le sexe.
Selon Marx, le capitalisme a intérêt à détruire la famille et les vieilles valeurs patriarcales pour leur substituer des rapports d'argent.
Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a détruit les relations
féodales, patriarcales et idylliques.
Tous les liens variés qui unissent l'homme féodal à ses supérieurs naturels,
elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d'autre lien,
entre l'homme et l'homme, que le froid intérêt (...) Elle a noyé les
frissons sacrés de l'extase religieuse (...)
dans les eaux glacées du calcul égoïste.
Elle a supprimé la dignité de l'individu devenu simple valeur
d'échange;
aux innombrables libertés dûment garanties et si chèrement conquises
elle a substitué l'unique et impitoyable liberté de commerce
(...) [Elle] a déchiré le voile de sentimentalité
touchante qui recouvrait les rapports familiaux et les a réduits à de
simples rapports d'argent.
Le capitalisme, c'est la subversion et la révolution permanente.
La bourgeoisie [le capitalisme] ne peut exister sans révolutionner
constamment les instruments de production
et donc les rapports de production,
c'est-à-dire l'ensemble des rapports sociaux.
Le maintien sans changement de l’ancien mode de production
était, au contraire,
pour toutes les classes industrielles antérieures,
la condition première de leur existence.
Ce bouleversement continuel de la production,
ce constant ébranlement de toutes les conditions sociales,
cette agitation et cette insécurité perpétuelles
distinguent l'époque bourgeoise de toutes les précédentes.
Tous les rapports sociaux stables et figés, avec leur cortège de
conceptions et d'idées traditionnelles et vénérables, se dissolvent.
(...)
Tout élément de hiérarchie sociale et de stabilité d'une caste
s'en va en fumée,
tout ce qui était sacré est profané.
10, parce que tu prétends voter, donc essayer de comprendre quelque chose à l'économie, faut quand même que tu te décides à le lire!
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Créée
le 20 nov. 2015
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Karl Marx a pu écrire beaucoup de choses intéressantes et le personnage n'était pas un imbécile mais soyons honnêtes : ce petit texte est tout-à-fait médiocre. Le Manifeste du parti communiste...
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