Ahhhhh Masterton ... Masterton c'est un auteur que je lisais avidement vers la fin de mon adolescence. A l'époque ça représentait à mes yeux le summum de l'horreur et du gore.
Depuis de l'eau a coulé sous les ponts et j'ai du lire un ou deux livres de l'auteur en 15 - 20 ans.
Me revoici donc face à ce roman que j'avais lu et apprécié il y a bien longtemps. Je me souvenais vaguement de l'histoire et de sa conclusion ce qui est à mon sens plutôt une bonne nouvelle ( je ne me souviens pas forcément bien des romans que j'ai lu aussi loin dans le temps ).
Je vous fais grâce du résumé, l'histoire étant une simple revanche d'un magicien peau rouge.
Le récit n'est pas franchement extraordinaire. L'histoire est maladroite, légèrement bancale et certains moments sont bâclés.
Alors pourquoi 6 ? Parce qu'il faut recontextualiser le récit. Sorti à la fin des années 70, Manitou insuffle un nouveau souffle à l'horreur qui vient compléter la vision apportée par les films tel que la colline à des yeux : le gore. Là où l'horreur passait du sous entendu de Lovecraft au visuel de Stephen King, Graham Masterton vient apporter une touche différente : le crade.
Manitou apporte quelque chose de l'auteur qui vient à mon sens changer la donne. Lorsque Misquamacus attaque, il le fait sans limite. La violence est tellement totale que l'on ne s'y attends pas. Un garde surveille son arrivée. Celui ci est réduit à un tas de chair sanguinolente dont dépassent des veines, il a été retourné comme un gant. A noter que cette expression est chère à l'auteur ( et non chair à l'auteur ) mais aussi particulièrement dégueulasse.
Plus loin une équipe de policier cherche à arrêter Misquamacus, elle est renvoyée par l'ascenseur en petit morceaux. L'auteur ne prend pas le temps de décrire ces actions, le résultat nous est renvoyé de manière brute sous sa forme de conclusion la plus crade possible : un tas de membres, de torses et de tête baignant dans le sang et recouvert de givre.
A la relecture c'est surprenant mais on retrouve cette violence dans certains écrits policiers ou d'horreurs de nos jours. Ca reste une nouveauté pour l'époque de sortie de Manitou.
A côté de cet aspect violent, l'histoire n'est pas géniale. La fin est trop vite expédiée et la fin d'origine ( oui parce qu'il y en a deux ) était encore pire. Beaucoup d'aspects semblent mis de côté pendant le récit. Et je ne parle même pas de la facilité avec laquelle les personnages se rallient au point de vue du personnage principal. Erskine est peut être un escroc en matière de bonne aventure, il est très doué pour persuader les gens autour de lui que sa démarche est raisonnée ( alors qu'en fait non mais putain ça n'a aucun sens voyons ).
Au final, un roman écrit en une semaine et qui se lit rapidement. On ne peut pas parler de roman de la décennie et le style de Graham Masterton n'est pas encore totalement défini mais on retrouve déjà une partie de sa plume. J'ai bien aimé tout de même.