Nous sommes avec le "Manuel d'Epictète" au troisième et dernier niveau de la haute antiquité grecque des stoïciens. Premier niveau, son fondateur Zénon de Kition, rescapé des galères au port d'Athènes. Cet esclave affranchi se retrouve clochard sous les ponts et narre sa vie de souffrance contre un peu de nourriture, c'est cela sa liberté, pas mieux, pas pire que ce fut sa vie d'esclave. Il surprend les esthètes de l'Agora et devient un Maitre philosophe, du grec στοά, portique d'un pont...
Second niveau, Chrysippe de Soles, le plus grand écrivain de l'Antiquité avec plus de 700 livres... Tous perdus dans l'incendie de la grande bibliothèque d'Alexandrie.
Dernier niveau, Epictète, et ces notes d'élèves patentés qui iront, après sa mort, jusqu'à racheter une fortune sa pauvre lampe de terre cuite pauvre. C'est aussi dans ce niveau que croient les apôtres chrétiens et comme il est bien vrai que ce manuel est tellement empreint de christianisme. Alors, hasard ou contacts ? Nous ne saurons jamais vraiment le fin fond de l'histoire. Il nous reste ces notes en prises rapides collectées en un "manuel" avant tout utile. Il y a ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas. On y trouve la ferveur de se construire en sainteté, bien que le mot ne s'y trouve pas, mais l'Esprit y souffle fort. Utile, certes, il y manque la charistas, cet agape de l'amour spirituel dans la construction de son être intérieur vers la pureté de son âme. Ici s'éteint le vrai stoïcisme initial qui ne reparaitra qu'à la Renaissance avec Montaigne, puis Vigny, dans des pastiches hypocrites.