Près de deux siècles après les événements narrés dans Jusqu’au cœur du Soleil, la Terre lance le Streaker, un vaisseau d’exploration dont l’équipage est composé de 142 dauphins et de quelques humains. Cette expédition a pour but de clarifier les données de l’antenne de la Bibliothèque, gigantesque base de données qui rassemble depuis des millions d’années les connaissances de toutes les races galactiques. Mais elle vise aussi à prouver qu’un équipage de dauphins est capable de mener à bien un voyage interstellaire. Quand le Streaker découvre les restes d’une flotte de vaisseaux d’origine inconnue, les espèces galactiques les plus fanatiques se lancent à sa poursuite, soupçonnant une découverte d’une importance capitale en rapport avec les Progéniteurs, la légendaire race fondatrice de la civilisation galactique. En tentant d’échapper aux nombreuses flottes de guerre extraterrestres, le Streaker s’échoue au fond de l’océan de Kithrup, planète aquatique d’une région reculée de la galaxie.
Alors que Jusqu’au cœur du Soleil nous livrait une introduction à l’univers du Cycle de l’Elévation, c’est bien avec Marée stellaire que nous entrons dans le vif du sujet. On comprend vite que la réputation de ce roman est justifiée : le sentiment d’étrangeté et d’émerveillement est quasi permanent. Une civilisation galactique, de nombreuses races extraterrestres d’une diversité folle, des mystères ancestraux, du suspense, de nombreux personnages principaux et secondaires, une grande bataille spatiale, des rebondissements, une mutinerie, des tentatives de meurtre, la découverte de créatures inconnues, que peut-on demander de plus pour faire un très bon space opera ?
Et bien, par exemple, on pourrait demander un peu d’action. Ce roman est lent, très lent. Bien sûr, comme tous les romans du genre, ça s’anime progressivement mais que c’est long avant que l’action démarre réellement. Une fois le cadre posé, on a l’impression que la première moitié du roman sert uniquement à présenter les protagonistes, et ils sont nombreux (une quinzaine, sans parler des personnages plus secondaires).
Ces personnages, rappelons-le, sont des dauphins et des êtres humains cachés au fond d’un océan sur une planète inconnue, dans un vaisseau spatial en panne, entourés de créatures mystérieuses et pas spécialement amicales, dont le sort dépend de l’issue du gigantesque combat en cours dans le système de Kithrup mettant aux prises les races les plus féroces de la galaxie. Bien sûr, cela entraîne des tensions au sein de l’équipage, sans compter qu’il faut trouver un moyen de réparer le vaisseau et de quitter la planète sans se faire remarquer. Heureusement, la plupart des personnages ont une obsession bien plus importante pour se distraire : hommes, femmes, jeunes, vieux, dauphins, tous sont tels des mâles en pleine adolescence, obnubilés par la recherche d’un partenaire sexuel et torturés par les émois amoureux ! Tous, sauf les méchants, qui ont comme unique objectif la prise du pouvoir au sein du vaisseau, bien sûr, et qui sont tellement méchants qu’ils ne se préoccupent pas des choses de l’Amour, les vilains !
Quant aux terrifiantes races extraterrestres, elles n’interviennent finalement que très peu. Contrairement à ce qu’on a pu lire dans Jusqu’au cœur du Soleil, aucun extraterrestre ne jour un rôle central, et ils semblent ici ne servir que de toile de fond aux événements. Toutefois, on aurait aimé qu’ils ne soient pas représentés comme des méchants d’un mauvais film d’action, comme par exemple cet amiral qui tue ses subordonnés lors de chaque accès de colère, ou ces pilotes aguerris surpris par des manœuvres cousues de fil blanc. De plus, ces espèces qui ont des millions d’années d’avance sur les humains sont toutes engluées dans des rituels moyenâgeux et des prescriptions mystico-culturelles qui les amènent se comporter de manière totalement irrationnelles, comme des animaux stupides dont on se demande finalement comment ils ont pu apprendre le vol spatial.
Ajoutons enfin que le roman se clôture sans qu’on sache vraiment ce qu’il advient de certains des personnages principaux. On ne sait pas s’ils survivent ni, question qui semble bien plus importante encore, si les amoureux séparés finissent par se retrouver.
Marée stellaire a reçu le prix Hugo du meilleur roman en 1984, ainsi que le Nebula 1983. Il est à la fois un très bon roman de space opera et un livre un peu lourd peuplé d’humains et de dauphins libidineux coincés dans un vaisseau spatial. Il est à la fois fascinant et agaçant, passionnant et lassant. Un classique de la littérature de SF en même temps qu’un roman lent et un peu ennuyeux.
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