Cette autobiographie relate la vie de Marius Jacob, un anarchiste de la première moitié du XXè siècle. L’ouvrage est porté par une plume élégante, les faits retracés semblent l’être de manière objective. On découvre, ou bien on en apprend davantage sur la vie de cet homme sans concessions. C’est lui qui inspirera Maurice Leblanc pour créer le personnage de notre célèbre gentleman-cambrioleur, je veux bien sûr parler d’Arsène Lupin.
D’origine modeste, Marius Jacob s’engage du côté anarchiste assez jeune, se liant avec divers sympathisants et activistes. Il défend la doctrine illégaliste. Sa haute conception de la morale et son refus des compromis rappellent Antigone dans la pièce de Jean Anouilh ou encore Aaron Swartz, ce jeune génie de l’informatique qui mena divers combats pour rendre le monde meilleur et qui connu une fin tragique (voir « The Internet Ownboy », le documentaire saisissant à ce sujet). En effet, Marius n’hésite pas à risquer son intégrité physique par courage de ses opinions. Sa pensée induit son action : la dualité, l’hypocrisie, la lâcheté sont autant de vices qui paraissent lui être totalement étrangers. Marius Alexandre Jacob est un Homme parmi les hommes.
Je dévoile ci-dessous des éléments de la trame du récit et des évènements clés de la vie de Marius Jacob.
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Les médias et les pouvoirs publics s’acharnent sur son cas, il devient objet de haine, quelques fois d’admiration pour ses semblables.
A de multiples reprises, il mystifie ses contemporains par l’habileté et le caractère spectaculaire des cambriolages qu’il perpètre. Lors de son procès, son éloquence, sa détermination, sa capacité à tenir tête aux magistrats sont relayées par les journaux.
Après sa condamnation, Marius Jacob est envoyé au bagne, en Guyane. On découvre alors avec horreur les conditions de vie des détenus dans cette zone de non droit. L’auteur a réalisé un important travail journalistique et historique qui lui permet de retranscrire justement et précisément le quotidien de la vie au bagne.
Le bagne a des allures de purgatoire, qu’à cela ne tienne : l’état d’esprit et les convictions de Marius ne faiblissent pas pour autant, il démontre une force de caractère qui suscite l’admiration. Bien qu’il soit enfermé, il n’a de cesse de se procurer de nouveaux ouvrages. Ainsi, il étudie le droit afin de défendre ses codétenus ou bien il lit divers ouvrages de doctrine afin d’aiguiser sa pensée.
Lorsque l’on cherche à l’affaiblir, à le briser, il ne courbe pas l’échine mais endure avec autant de dignité que possible les traitements inhumains qu’on lui fait subir.
Il fait parfois mine de devenir docile pour endormir la vigilance des geôliers, et méditer des plans d’évasion. Lorsqu’il les exécute, ses tentatives sont tour à tour hautement élaborées, simples et efficaces, opportunistes ou presque désespérées.
Quoi que l’on pense de la pertinence de ses actions, les luttes qu’il mène sont altruistes, désintéressées : il combat au moins autant pour les autres que pour lui même. Il cherche principalement à faire évoluer les rapports de force entre les riches et les pauvres.