Pour ceux qui connaissent la série The 100, vous saurez de quoi je parle en vous mentionnant, pour exemple, la scène des cuves à gaz avec Bellamy dans la saison 2, ou la scène de la course jusqu'au vaisseau dans la saison 5. Ou, pour ceux qui ne connaissent pas la série The 100, vous avez simplement la scène du combat final du dernier film Twilight. Vous savez, ce sentiment d'intensité, ce sentiment d'être galvanisé par ce qui se passe. Ce cœur qui bat à vitesse rompue tellement on est dans la scène, tellement on est imprégné dans l'histoire.


Eh bien, ce second tome, celui qui clôture cette duologie super originale et qui traite d'un fait d'actualité très très très important, donne exactement ce sentiment. On est à fond dans l'histoire du début à la fin. Autant dire qu'il m'a fallu quelques jours pour lire le premier tome tandis que j'ai littéralement fini le second en l'espace d'une journée tellement j'étais à fond dans l'histoire.


C'est tout bonnement incroyable ! L'histoire est prenante. Les personnages sont vraiment attachants, en sachant qu'ils étaient déjà très bien développés dans le tome 1. Le tout était suffisamment bien développé pour que, dès qu'on commence le tome 2, on soit happé par l'histoire, par leurs chamailleries, par leurs déclarations pleines de sentiments, pleines d'amour, pleines d'amitié. En fait, c'est une famille. Ils sont en plein combat. Ils ont tous des différences. Ils ne sont pas tous issus du même cercle amical, du même cercle de proches. Mais ils sont tous galvanisés par un même combat, par une même idéologie, par une même volonté d'avoir mieux, de changer les choses, de bouleverser le système. Et on s'y retrouve. On ressent la même chose qu'eux. On vit les choses intensément avec eux. On est face à des interrogations, à des besoins qu'on ressent tous d'une façon ou d'une autre à un moment de nos vies.


C'est d'autant plus marquant qu'on est actuellement en plein bouleversement politique au sein de la France, avec la dissolution de l'Assemblée Nationale, les élections législatives qui voient le RN à un pourcentage de votes déclarés comme étant très élevé, ... Et du coup, on se rend compte que les choses sont très proches de la réalité. C'est un peu comme quand on regarde la série "La servante écarlate" et qu'on essaye de superposer certains événements qui se passent dans notre vie actuelle, et on se dit, oui, ce serait possible. Par exemple, quand les États-Unis ont décidé de supprimer le droit à l'avortement au sein de leur constitution, et que ça a ouvert les portes à tout un tas de lois, à tout un tas de désagréments vis-à-vis des femmes dans plein d'États aux États-Unis. Oui, tout est politisé, tout ce que nous lisons, tout ce que nous consommons est politisé, et c'est en ça que l'histoire fonctionne, parce que ça pose une question qui est de plus en plus présente dans notre société, et c'est vraiment pertinent.


Surtout que ce tome 2 montre à quel point, même si on a une idée de base qui est positive, si on l'applique pas correctement, elle sera négative dans tous les cas. Le tome 1 l'exposait déjà d'une certaine façon, mais pas autant parce que là, on a l'affrontement final entre les deux parties.


Par exemple, l'idée de base du Mouvement était d'inverser cette situation qui faisait que la société était tellement patriarcale et donnait tellement de pouvoir aux hommes qu'ils se sentaient tout permis. Cela arrivait à un point où les violences commises envers les femmes, envers leur propre progéniture, les inégalités salariales, les inégalités d'accessibilité à des postes supérieurs, ..., étaient trop banalisées (en digne reflet de notre société actuelle) et ont rendu la société invivable pour bon nombre de femmes, en rendant certaines haineuses, et aigries, au point de vouloir tout simplement se débarrasser d'eux.


Donc, l'idée de base du Mouvement était pertinente, parce que oui, on a tous cette frustration par moments de « oui, c'est pas normal d'avoir une telle société ». Sauf que, si on décide de mettre en place quelque chose de sorte à ce qu'on améliore la situation, et qu'on puisse découler à quelque chose de plus égalitaire, ça fonctionne. Sauf que pour le coup, dans ce tome 2, avec toutes les révélations qu'on a en supplément de celles du tome 1, on se rend compte que finalement, les femmes du Mouvement sont devenues aussi mauvaises, voire même pires que la société patriarcale. Parce que dans certains pays, à l'époque du lancement du Mouvement, il y avait quand même de la démocratie. Les hommes et les femmes pouvaient faire entendre leur voix, pouvaient essayer moyennement de changer les choses. Mais là, pour le coup, la société est devenue matriarcale et totalitaire. Et le totalitarisme, ça ne conduit jamais à quelque chose de positif.


C'est ça qui est intéressant. Et à moindre échelle, et vraiment très maladroitement, le film "Barbie" avait un peu soulevé le même genre d'interrogation, parce qu'on avait la société des Barbie qui était matriarcale, la société du monde réel qui était patriarcale. Et quand Ken allait dans la société patriarcale, il se rendait compte qu'il en avait marre de la société matriarcale. Et quand Barbie allait dans la société patriarcale, elle était effrayée par cette société. Sauf que là où le film a fait une erreur, c'est qu'il est ressorti en étant encore plus sexiste et encore plus problématique que le sujet qu'il voulait dénoncer, pour la simple et bonne raison que quand Ken veut transformer la société des Barbie en une société patriarcale, ça ne fonctionne pas. Et les Barbie, au lieu de se dire "Bon, les Ken ont montré à quel point ils en ont marre de la société matriarcale, et nous ne voulons pas de la société patriarcale, si on créait une nouvelle société", elles reviennent juste aux valeurs de base, ce qui pose problème. Parce que du coup tout le monde est malheureux, et c'est pas bon. Ce qu'il faut c'est un changement. Et c'est ça ce qu'on aimerait tous, qu'on rêverait tous d'avoir dans les sociétés. Donc l'idée du livre est vraiment positive.


D'ailleurs, même sans vouloir pousser le concept à l'extrême, comme dans le film Barbie ou dans le roman Matriochkas où on essaye de présenter une société patriarcale versus une société matriarcale, il y a quand même des productions, des œuvres qui se veulent lutter contre une cause et sont complètement à côte de la plaque, voir arrive à faire pire que ce qui est dénoncé.


Pour revenir sur une former de dénonciation du sexisme et du patriarcat, je pense au film "S.O.S. Fantôme" avec Melissa McCarthy où on voit clairement que le seul protagoniste masculin du film, qui est censé être un minimum mis en avant, est complètement débile, hyper sexualisé face à ces filles qui sont super intelligentes, qui sont combatives et tout, il a peur de tout, il est tout le temps à moitié nu, En somme, je ne vois pas en quoi ça change de tous ces films à la Iron Man 2, par exemple, où on pouvait voir que clairement le personnage de Natasha était juste là pour être sexy et c'est tout, et là c'est clairement la même chose. Vous ne pouvez pas vous plaindre des œuvres où on met des personnages féminins hyper sexualisés en faisant des productions où la majorité des personnages sont féminins et les personnages masculins sont soit dévalorisés, soit hyper sexualisés, ça ne colle pas en fait, ça n'a pas du tout de cohérence.


Et selon moi, c'est aussi ce genre d'interrogation que les œuvres comme le roman Matriochkas peut soulever, c'est qu'on veut un changement, ok, mais il faut le penser intelligemment, il ne faut pas vouloir qu'un genre domine l'autre, il ne faut pas vouloir que, juste parce qu'on a eu une société dominée par les hommes, qu'on découle à une société dominée par les femmes. Ou, par exemple pour les personnes racisées qui en ont marre que les personnes non racisées dominent la société et les persécutent d'une façon ou d'une autre plus ou moins violente (mentalement ou physiquement) et qui du coup veulent un inversement des positions et que ce soit les personnes racisées qui dominent les non racisées. En fait, il ne faut pas atteindre ces extrêmes-là, ce qu'on veut c'est un équilibre, encore une fois.


Enfin bref, tout ça pour dire que, parce que je pourrais m'éterniser sur tout un tas d'ouvertures par rapport au ressenti que j'ai sur ce roman, il vaut le coup d'œil. Parce qu'encore une fois, et c'est ce que j'aime avec les dystopies, les utopies, ou tout ce qui essaye de présenter un système à déconstruire, c'est que ça amène tellement d'interrogations et c'est ça qui rend le truc prenant. Ce roman étant bien écrit et l'histoire pertinente et prenante, il mérite vraiment d'être lu. Que ce soit pour s'informer, pour se questionner, pourquoi pas pour être étudié, c'est le genre de roman que je recommande à 100%.

KrystalFictions
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le 23 juin 2024

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