Mauvaise Etoile par amnezik666
L’auteur nous plonge dans l’Amérique des sixties (ça a son importance en ce qui concerne les moyens de diffusion de l’information et les méthodes d’investigation) pour un road movie semé d’embûches et de cadavres. Un road trip meurtrier qui pourrait bien être fatal à la complicité qui unit les deux frangins. D’un côté Digger est fasciné par Earl Sheridan, prêt à tout pour plaire à celui qu’il considère comme son mentor. De l’autre Clay, effrayé par la folie meurtrière de Sheridan mais plus encore à l’idée de voir son frère suivre le même chemin.
Des trois bouquins de RJ Ellory que j’ai lu, aucun ne se ressemble mais tous sont incroyablement prenants. Celui ci n’échappe pas à la règle, l’auteur nous embarque dans une intrigue particulièrement violente et meurtrière mais, sans que je puisse expliquer le pourquoi du comment, le style narratif permet de prendre de la distance par rapport aux crimes. C’est peut être un ressenti personnel mais il me semble que l’auteur a d’avantage souhaité mettre l’accent sur ses personnages que sur l’action à proprement parler (j’ai trouvé le climat général de Seul Le Silence beaucoup plus oppressant alors que le bouquin est beaucoup moins violent).
Au départ l’intrigue se noue autour de trois personnages. Inutile de s’attarder sur le cas Sheridan, c’est le psychopathe par essence, il lui manque une case, il le sait et ça lui plait. Digger, l’aîné, est de naissance un peu lent à la détente, du coup plutôt que de se faire chier à essayer de penser par lui même il se laisse guider par les autres, et à ce petit jeu c’est le plus fort qui prendra l’ascendant sur lui (Sheridan en l’occurrence). Clay, le cadet, est nettement plus posé et réfléchi ; ange gardien de son frangin jusqu’à ce que Sheridan entre en scène. Je m’arrête à ses trois là mais d’autres personnages viendront se greffer à l’intrigue et y joueront un rôle capital, voire décisif ; mais je vous laisse découvrir tout ça par vous même (je vous dirai juste que RJ Ellory est loin de nous chanter des louanges à la gloire du FBI).
L’intrigue est rythmée, le suspense va crescendo (on lit les dernières pages en retenant son souffle, nul doute que les plus faibles mourront d’asphyxie avant de connaître la fin de l’histoire). L’omniprésence de la violence et de la mort n’empêche le roman d’être aussi extrêmement dense et riche. L’auteur joue beaucoup sur le relationnel entre les personnages, qu’il s’agisse de fraternité, de complicité, d’amitié (ou de haine), voire même d’amour ; comme quoi même en plein coeur de la tourmente on peut connaître des moments de partages. Le destin est bien entendu omniprésent, qu’est-ce qui fait qu’une vie peut basculer du jour au lendemain ? Le rythme enlevé du roman n’empêche pas çà et là quelques touches comiques et des moments riches en émotions.
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