50 nuances de grilles

Bon, deux pontes de la typo suisse qui s'engueulent pour des broutilles (à savoir qui sera le moins traditionaliste des deux) forcément ça m'intéresse.
Oui, parce que contrairement à la plupart des auteurs qui écrivent des manifestes pour protester contre les courants précédents ou opposés, Max Bill et Jan Tschichold arrivent à se prendre le nez alors qu'ils appartiennent au même mouvement, défendent de manière générale à peu près les mêmes idées et ont eu des créations, à quelques années d'écart, parfois très similaires. J'ai l'impression que c'est plutôt dans la manière de représenter formellement la modernité qu'ils ont du mal à s'entendre.

Le gros du débat est de savoir quelles typographies conviennent le mieux à l'époque moderne, et surtout s'il doit y avoir ou non symétrie dans la page du livre. La controverse des modernes est axé sur deux articles, le premier publié par Bill en réaction à une conférence de Tschichold, le second étant la réponse de ce dernier.
À l'exception du tout début, qui présente bien les deux protagoniste, le contexte et le débat, le point fort de ce livre est évidemment la dernière partie, où l'on trouve ces deux articles. À eux seuls, ils valent le coup, j'ai particulièrement aimé lire celui de Tschichold, qui soulève des points intéressants.
Ils arrivent d'ailleurs un peu tard dans le livre, après que l'on ait vu en long et en large à quel point leurs auteurs se rejoignent tous les deux et ce qui les sépare. Libre à vous cependant de choisir votre propre ordre de lecture, et de les lire avant de vous lancer dans l'analyse du désaccord.

La partie du milieu est parfois longue et assez répétitive. Ça manque aussi un peu d'images, parce que l'auteur effectue beaucoup de comparaisons entre leurs travaux mais que seule une petite partie de ceux-ci est visible dans le livre. Un peu dommage, surtout si comme moi, vous ne connaissez pas très bien Bill et Tschichold.
De manière générale, c'est quand même un livre très intéressant et pointu, comme toutes les publications des éditions B42, je pense.
Au passage, c'est assez marrant d'avoir une reliure cousue pour ce genre de livre -avec du fil gris assorti à la couverture, évidemment.