A toute vitesse !
Le film Mortal Engines qui sortira le 12 décembre en France est l'adaptation de Mécaniques fatales un livre de l'auteur britannique Philip Reeve. Le premier teaser m'a donné envie d'en...
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le 5 mars 2018
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J'dois dire que rien qu'à voir la pub via Instagram, je sentais déjà que le film ne m'inspirerais pas grand-chose d'autre que le mépris.
C'était une interview de l'auteur qui parlait de son bouquin. Franchement je scrollais down à chaque fois, sérieux, j'ai des tonnes de photos de dames à moitiés nues, de shibari par ci par là, du travail photo de coco qui aime la photo, de westmat, des modèles plus plus size en mode body positive avec des culs gros comme ça.
T'imagines que le roman ayant donné une adaptation ciné d'un truc qui vu de loin semble être dans la pure ligné de divergente / le labyrinthe / je sais plus quoi faire comme film de sf avec des ados en vedettes ça m'en cognait une sans faire bouger l'autre.
Cependant, et comme souvent quand c'est le cas, ça s'emballe chez mes éclaireurs, peu d'entre eux il est vrai et alors, j'aime tous mes éclaireurs de la même manière et même si un film me parait louche si on me dit qu'il y a de quoi kiffer j'ai envie d'aller voir.
Et comme je savais qu'il y avait un roman jeunesse à l'origine et que cette année j'ai lu plus que d'habitude, je me suis dit, banco on vend la caravane et on investit dans le premier tome – comme en ce moment je suis d'humeur dépensière j'ai bien failli choper la saga dans sa totalité mais j'ai bien fait – comme ça je vais le lire, et tant avec un peu de cul avant de voir le film.
Bah non, le livre est arrivé le jour où j'ai prévu de me faire le film, j'ai tout juste le courage de lire 50 pages. Et en n'ayant lu que cette petite partie du livre, je sais déjà que l'adaptation ciné est partie sur autre chose, rien qu'en repensant à la bande annonce.
Voilà, tu viens de rentrer dans ce qui va s'apparenter à une comparaison plus ou moins intéressante des deux matériaux. Je sais bien que je fais ce que je veux mais comme c'est bientôt nowel, je te fais une fleur, y'aura plein de major spoils et sur le bouquin et sur le film.
D'ores et déjà on peut dire que le film ne fait pas dans la dentelle, les scénaristes ont extrait ce qu'il pouvait y avoir de plus essentiel dans le livre et l'on réduit à ce qui pouvait être le plus simple :
si Hester Shaw veut tuer Thaddeus Valentine c'est parce qu'il est LE GRAND MECHANT du récit.
La différence fondamentale est là.
De ce choix va découler tout un tas de tailles plus ou moins inspirées. Placer Hester Shaw comme héroïne est donc le choix du film. On commence sur elle quand le livre commence sur Tom, petit apprenti de troisième classe dans la guilde des Historiens, même pas un gratte papier, juste bon à enlever la poussière des collections accumulées par sa guilde.
Sauf que dans le livre Thaddeus est un personnage très secondaire, bien sûr qu'il est celui qui rapporta la méduse à Crome, sauf qu'il est loin d'être puissant, c'est un archéologue qui a obtenu son poste en rapportant le bel objet au Maire de Londres, et le Crome l'a à sa botte. Il n'est qu'un petit exécutant. Mais je suppose que tu castes pas Hugo Weaving pour faire deux, trois apparitions anodines dans ton film.
Des péripéties présentes, ils vont garder quelques lignes fortes. Le marché aux esclaves, Shrike, le passé qui lie Hester et Thaddeus et l'avancé de Londres vers la muraille qui ne céda jamais. (On pense à la fois à la muraille de Chine – sans déconner ;) – mais j'ai aussi pensé à Ba Sing Se, elle-même inspirée de la cité interdite, bref ultime inspiration chinoise…).
Le film oublie donc que le récit initial est surtout deux parcours sur le chemin de la vérité. Le premier est arpenté par Tom dont la rencontre avec Hester va lui faire découvrir le monde et ses inégalités, sur le second on trouve Katherine, la fille de Thaddeus qui va découvrir que son père n'est pas ce héros qu'elle a toujours cru connaitre. La trame de Kate est extrêmement amenuisée mais elle ne l'est pas autant que celle de Tom.
Les aventures et les rencontres que vont faire Tom et Hester tout au long du récit sont bien plus nombreuses mais on comprend que les scénaristes aient écarté un maximum de chose que l'auteur n'approfondit jamais vraiment. Tout est affreusement survolé dans le bouquin, dans de telles conditions comment peut-on en tenir rigueur au film ?
Par exemple, Tom et Hester sont, un temps, "prisonniers" d'une ville de pirate. Un petit locompole qui se fait fort de faire comme Londres à l'exception près qu'ils pillent et tuent plutôt que de piller et de réduire en esclavage. Tom réussi à s'attirer les faveurs du Maire bien malgré lui, en effet ce dernier souhaite que Tom lui apprenne les bonnes manières pour être chic et ne pas dépareiller en cas de rencontre avec d'autres Maires importants.
Et bien de cet apprentissage qui semble durer un bon p'tit moment on ne saura rien. C'est un des défauts majeur du livre. Il nous plonge dans un univers qui nous est inconnu, qui est censé prendre place on ne sait pas trop quand, les références aux siècles passés sont légion, sans que jamais on ait la certitude d'une date.
La guerre d'une heure, celle qui a causé la fin de l'humanité telle que nous la connaissons, est évoquée de façon sporadique, sans être datée. À quoi bon ? De toute façon il faut comprendre que les nations se sont affrontées avec des armes trop puissantes et puis, et puis rien.
Voilà tout à changer.
Le film prend au moins la peine de dater un peu les choses, en évoquant non sans sarcasme la durabilité de notre nourriture capable d'être comestible 1000 ans après la date de péremption. Joli façon de dire qu'on y colle vraiment trop de conservateur :).
Autre défaut majeur du livre est son vocabulaire, mais je ne sais pas si je dois porter cela contre le traducteur ou contre l'auteur lui-même. Des machins tombent, un niveau d'écriture faiblard, où l'on affuble des personnages de haut rang dans le récit d'un simple L'autre…
Lors du passage avec les pirates, le niveau de langage devient soudain adéquat, alors que pour tout le reste du récit je l'ai trouvé vraiment inapproprié à bien des reprises.
Tout comme dans le film, le récit semble se passer à des milliers d'années de notre siècle et pourtant les références à notre époques sont légions, une fois de plus, on se dit, mais bordel comment cette référence peut-elle faire sens à une personne vivant plusieurs siècles plus tard.
Bien entendu c'est Kate qui va tout faire pour empêcher Médusa d'être utilisée à nouveau (et oui, il fallait d'abord tester l'arme sur une autre méga locomopole) et nul question de clé usb à la con, Pod lui concocte une bombe artisanale puisqu'il est de la guilde des ingénieurs. Mais Médusa ne fonctionnera pas via un deus ex machina mal venu.
Cependant, le livre ne peut être une accumulation de défaut, il semble avoir plus outre-manche ou bien est-ce la saga qui dans son ensemble fait sens ?, je ne le saurais pas de sitôt.
En effet, sur la fin du récit, Philip Reeve offre à son récit une touche de noirceur bienvenue, il n'hésite pas à tuer ses protagonistes principaux ou non, ce que le film se refuse à faire, finissant sur un horrible "je suis ton père remix" featuring Hester Shaw.
Enfin, arrivé au bout du récit, et comme à la fin du film, on se dit que ces œuvres auraient pu être des stand-alone, tant on n'a que faire de ce qui pourrait arriver ensuite. Et c'est d'autant plus vrai avec le livre, puisque Thaddeus semble mort, tout comme Pod, Kate et Crome ainsi que Londres en piètre état, à l'arrêt dans le "Terrain de Chasse" des locomopoles !
Mais visiblement de nouvelles aventures attendent nos deux héros car il s'en suit pas moins de trois tomes. Au cinéma, il n'y aura peut-être pas de suite, mais on ne regrettera pas cette absence sur nos écrans.
Quand on referme le bouquin, plusieurs idées nous viennent en tête. On regrette que l'auteur n'ait pas su ou pris le temps de bien nous installer dans son monde post apocalyptique. Un bon gros chapitre d'introduction n'aurait pas été inutile. Bien entrer dans un univers c'est y prendre ses repères, apprivoiser la nouveauté, se sentir impliqué dans un univers bien défini.
On regrette qu'aucune idée ne soit creusée comme il faut. Shrike est l'exemple parfait de l'échec d'un récit que les scénaristes ont su transcender. C'est triste d'être face à une œuvre dont tout le potentiel n'est pas exploité convenablement. On repense aussi à ces guildes, qui semblent n'être présentes qu'à bord de Londres. Ce n'est pas comme si nous avions eu l'occasion de pénétrer dans d'autre locomopoles de taille conséquentes…
Les suites sont-elles dignes d'être lues ? Le premier tome peine à convaincre le lecteur potentiel d'aller plus loin dans le récit.
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Créée
le 23 déc. 2018
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