Océanographe de formation, zoologue, botaniste, géologue, historien, parfois théologien, ethnologue à tendance linguiste... On pourrait qualifier son travail des très en vogue multi- ou trans-disciplinaire. C'est un érudit complet et accomplit, un puit de science. Il ne s'embarrasse pas de ces barrières de l'esprit que ces sont les disciplines scientifiques : il explore en profondeur et sous toutes les facettes l'objet de sa fascination : le grand océan de sable, le Sahara. Théodore Monod se présente aussi et surtout comme un enfant émerveillé, assoiffé de découvertes et facétieux, dont la curiosité boulimique est le principal moteur.
Il s'amuse du jargon pompeux de la zoologie ou de la géologie, essaie de faire partager son enthousiasme à ses compères de route avec de d'audacieuses d'analogies, définit les contours d'une vulgarisation avant l’heure, encore pleine de noblesse car elle s'adresse à l’amateur éclairé friand de belles conversations et non à la masse des ignorants ayant une dose prescrites de savoir à ingurgiter. On pourrais croire que ce genre d'Européen féru d'aventures et d’exotisme irai se perdre dans des envolées lyriques sur le désert ou sur des indigènes qui auraient bien des leçons a donner aux citadins occidentaux. Mais il reste la plupart du temps prosaïque et plein d'auto-dérision, l'humour étant peut-être le trait le plus surprenant et incongru du livre et de son auteur.
Le Muséum de Paris et la Science ne sont ici que le moyen d’aller se perdre dans le reg, l'erg et le tanerzourft. Il représente ce dont rêvent bien des scientifiques actuels: un libre explorateur, échantillonnant au gré de ses pérégrination, tentant de percer les secrets du Désert, parfois là où ni ses prédécesseurs ni les autochtones ne se sont jamais aventurés. Aujourd’hui son corpus scientifique est toujours considéré comme étant de premier ordre avec plus de 700 références, la dernière étant une monographie sur les poissons perroquets publiée dans sa quatre-vingt-quinzième année.